La paracha dans le midrach par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Ki Tissa : Les dangers du spectaculaire

La paracha de Ki Tissa relate le drame du veau d’or. Transportés d’enthousiasme pour la Thora qu’ils ont acceptée avec joie et ferveur, les enfants d’Israël commettent peu après l’innommable : ils se fabriquent une idole, l’adorent et lui sacrifient. Moïse intercède en leur faveur et obtient leur pardon. Il remonte sur la montagne ; muni des nouvelles tables qu’il a dû tailler afin qu’Hachem écrive sur elles ce que portaient les premières tables qu’il a brisées naguère à la vue de l’idole. Dieu lui précise alors : « Et personne ne montera avec toi et personne ne sera présent sur la montagne » (Exode xxxiv, 3), ce que Rachi commente, rapportant le Midrach (Tan‘houma 31) :

« Les premières tables ayant été données au milieu des acclamations, des cris et devant un public immense, le mauvais œil a eu prise sur elles ; rien n’est préférable à la discrétion. »

Le grandiose Événement du Sinaï devait avoir lieu en présence de tout Israël. Il assure à jamais notre foi en Moïse notre Maître, serviteur d’Hachem et parlant en son Nom. Son empreinte au plus profond des âmes d’Israël est indélébile. Mais un tel spectacle n’est pas suffisant en lui-même. Il laisse l’homme en état de choc, ébloui plus qu’éclairé. Les deuxièmes tables, quant à elles, permettront de construire lentement mais sûrement l’attachement profond d’Israël à la Thora.

Le mauvais œil, c’est le spectaculaire qui retient notre attention, nous rend passifs et, montrant trop, nous empêche de voir et d’effectuer le travail en profondeur qui nous incombe.

C’est peut-être la raison pour laquelle Moïse était bègue. Il ne fallait pas qu’il attire à lui grâce à son charisme et son talent d’orateur. Ses paroles devaient se frayer un chemin au cœur des hommes non par séduction mais parce qu’elles sont paroles de vérité.