Choftim – L’inversion des rôles
Rav Shaoul David Botschko
Rien n’est étranger à la Tora, même la guerre. En effet, l’homme à la responsabilité de se défendre. D-ieu ne protège que celui qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour se débarrasser de ses ennemis. Dès l’aube de l’histoire juive, les grands d’Israël sont des soldats et des combattants courageux. Le premier d’entre eux est Abraham qui n’hésite pas à s’attaquer à des armées puissantes pour aller délivrer Lot, son neveu. Le troisième des patriarches, Jacob, se prépare, lui aussi, aux combats. C’est grâce à sa détermination que son frère Esaü s’amadoue. Josué, le disciple de Moshé – celui qui ne quittait pas la maison d’études – dirige les combats contre Amalek, puis, à la tête des armées d’Israël, conquiert Erets Israël.
Moshé notre Maître, dans sa jeunesse, s’illustre en tuant un Égyptien qui frappait un de ses frères et dans sa vieillesse mène les combats contre Si’hon et Og.
C’est qu’une guerre juste n’est pas sale. Mener une guerre juste, c’est accomplir la volonté de D-ieu. Mais il ne suffit pas qu’il s’agisse d’un combat justifié, il faut aussi qu’il soit mené en respectant certaines règles. Dans les parachiot de Choftim et Ki Tetsé, on peut lire de nombreuses lois qui concernent la guerre: L’attitude envers les ennemis, le respect de la morale même en temps de guerre et la sainteté du campement.
Nous allons étudier trois discours qui doivent être prononcés devant les soldats avant les combats. Nous y apprendrons et la fois les obligations de courage du soldat, mais aussi la prise en considération des cas particuliers.
1er discours: Courage
À l’approche des combats, le prêtre s’avancera et parlera au peuple. Il leur dira: Ecoute Israël, vous allez partir en guerre contre vos ennemis. Ne faiblissez point, n’ayez point peur, ne tremblez point et ne soyez point impressionnés. Car Hachem votre D-ieu vous accompagne pour vous soutenir dans votre combat contre vos ennemis et pour vous sauver.
2ème discours: Trois cas particuliers
Les policiers parleront au peuple et leur diront: Quel est l’homme qui a construit une maison et qui ne l’a pas encore inaugurée, qu’il s’en aille et retourne chez lui… et quel est l’homme qui a planté une vigne et qui n’en n’a pas encore mangé les fruits, qu’il s’en aille et retourne chez lui … et quel est l’homme qui s’est fiancé et ne s’est pas encore marié, qu’il s’en aille et retourne chez lui.
3ème discours
Les policiers parleront encore et diront: quel est l’homme qui a peur et qui a le coeur tendre, qu’il s’en aille et qu’il retourne chez lui et qu’il ne démoralise pas ses frères.
Il s’agit bien de trois discours et non d’un long discours, et c’est pourquoi la Tora nous dit trois fois: « Le prêtre parlera », « les policiers diront », « les policiers diront encore ».
La Guemara explique que chacun des discours a été annoncé au peuple de manière différente: le premier discours est prononcé par le Grand Prêtre directement aux soldats; le deuxième discours est dit par le Grand Prêtre, mais ce sont les policiers qui sont le porte-parole du Grand Prêtre pour diffuser ses paroles chez tous les soldats. Le dernier discours, lui n’est pas prononcé du tout par le grand Prêtre; ce sont les policiers seuls qui délivrent ce message.
On se serait attendu à l’inverse: que ce soit le grand Prêtre qui prenne l’initiative de libérer certains soldats et les policiers – le chef d’Etat Major pourrait-on dire – qui mettent les soldats en garde de ne pas se laisser emporter par la panique.
Non! l’exhortation au courage est une obligation de premier plan et c’est ainsi que Maimonide s’exprime à ce propos:
Dès que débutent les combats, le soldat placera sa confiance en Celui qui sauve Israël dans ses temps de malheur, il doit savoir qu’il combat pour la sanctification de D-ieu, qu’il soit prêt à tous les risques, qu’il ne pense ni à son épouse ni à ses enfants et tout celui qui prend peur et doute de s combats et se laisse aller à la panique transgresse un commandement négatif de la Tora…
De mettre ces fortes paroles dans la bouche du Grand Prêtre c’est leur donner la priorité. Le message essentiel, c’est l’obligation de participer avec détermination et courage à la défense du peuple juif.
Certes, il y a des cas particuliers. La Tora nous enseigne que l’intérêt général ne doit pas nous faire oublier que tous les hommes ne sont pas coulés dans le même moule et qu’il y a des circonstances particulières et des hommes plus faibles qu’il faut prendre en considération même en temps de guerre.
Aussi, celui qui n’est pas capable de combattre est exempté de la Mitsva. Mais ceci n’est pas annoncé par le Grand-prêtre, mais par les responsables militaires.
Les policiers sont en danger d’amalgame. C’est eux qui doivent prendre conscience qu’il faut prendre en considération les faiblesses de l’un ou de l’autre; le chef spirituel qui aurait tendance à privilégier les cas particuliers doit enseigner que l’intérêt général doit primer sur les soucis des individus.
Ethique Guemara Halakha Rav Shaoul David Botschko Tanakh