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Chla’h Lekha – La conquête de la Terre

Chla’h Lekha – La conquête de la Terre

Rav Nahum Botschko

 

La paracha relate l’épisode connu sous le nom de « la faute des explorateurs » qui ont médit du pays d’Israël. La Thora décrit le début de leur périple en disant : « ils sont montés vers le Sud (vers le Néguev) et il arriva jusqu’à Hébron ; là se trouvaient A‘himan, Chéchaï et Talmaï enfants du géant. » La question classique posée par les commentateurs concerne le passage du pluriel (« ils sont montés vers le Sud ») au singulier (« et il arriva à Hébron ») dans un même verset sans aucune interruption dans l’intervalle.
Rachi rapporte les propos de Rava dans le traité de Sota (folio 34b) : « cela nous apprend que Caleb s’est séparé du dessein des Explorateurs et qu’il est allé se recueillir sur le tombeau des Patriarches. Il leur a dit : Mes Pères, demandez pour moi miséricorde afin que je sois sauvé du dessein des Explorateurs. » C’est-à-dire que Caleb seul est allé à Hébron ; cette partie du verset ne concerne que lui, ce pourquoi elle est au singulier.
Rabbi Samson Raphaël Hirsch développe ce point et donne une dimension de sens renouvelée aux termes de cette guémara. Il commence par une objection de poids : les « enfants du géant » se trouvaient à Hébron et les Explorateurs en ont été fortement impressionnés (Nombres xiii, 33), et ils ont même exploité négativement leur expérience pour accentuer le mal qu’ils ont dit du Pays. C’est donc que tous les explorateurs ont été à Hébron et pas seulement Caleb !?
Rabbi Samson Raphaël Hirsch explique : jusque là, les Explorateurs étaient unis. Ils sont arrivés ensemble à Hébron et, sous l’influence positive de Caleb ils avaient l’intention de conserver une attitude positive à l’égard du pays d’Israël. Le texte dit au singulier : « il arriva jusqu’à Hébron » parce qu’ils étaient unis comme un seul homme dans le même projet. Mais lorsqu’ils ont vu là-bas les descendants des géants, leurs sentiments ont commencé à changer. Désormais, leur attitude négative à l’égard du Pays n’a cessé de croître et de se renforcer. Mais Caleb lui-même est resté constant et déterminé. Les géants n’ont eu aucun effet sur lui et il a prié sur les tombes des Patriarches afin d’être préservé du complot des Explorateurs.
Toutefois, il nous faut encore comprendre comment le recueillement sur une tombe est de nature à renforcer la foi ? Mon grand-père, rabbi Mochè Botschko זצ"ל explique[1] que lorsque quelqu’un quitte ce monde, son corps et son âme se séparent, celle-ci s’élevant vers les hauteurs. Plus l’homme était vertueux, tzadiq, de son vivant et plus son âme jouit d’une plus grande proximité divine. « Lorsque les membres de sa famille viennent se recueillir sur sa tombe, ils bénéficient eux aussi en quoi que ce soit de cette proximité grâce à l’âme du défunt. Alors souffle sur eux un esprit venu des hauteurs de cette âme, comme si un vent frais d’espérance et de bonne volonté les pénétrait, pour les aider à s’élever et à amender leur conduite. »
Et certes, pour conquérir Eretz Israël il ne suffit pas d’une armée puissante. Au contraire, cela les Explorateurs eux-mêmes l’avaient compris, et sans doute y avait-il du vrai dans leur propos, le peuple d’Israël, à peine sorti d’un esclavage et d’une oppression de si longues années, ne peut objectivement pas se mesurer aux géants et aux villes fortifiées. Sauf qu’ils n’ont pas pris en considération le soutien venu d’en haut. Cette aide dont Dieu gratifie ceux qui marchent dans Ses voies et écoutent Ses commandements.
Puisqu’Il a garanti au peuple d’Israël la possession d’Eretz Israël, ils auraient dû savoir que le peuple d’Israël avec l’aide d’en haut surmonterait tout obstacle. Cette capacité de puiser des forces renouvelées de confiance en Dieu et en la réalisation de Ses promesses, Caleb l’a obtenue en se recueillant sur les tombeaux des Patriarches, à Hébron.
Ces choses sont tout aussi vraies de notre temps. Notre séjour en Eretz Israël s’accompagne de miracles quotidiennement renouvelés, visibles à l’œil nu. Lorsque nous analysons nos chances de conserver notre terre et d’y vivre, nous devons bien nous garder de ne considérer que les aspects prétendument « objectifs » tels que les données démographiques et militaires.
Rabbi Samson Raphaël Hirsch
L’histoire a déjà prouvé qu’Israël peut vaincre militairement même lorsque toutes les probabilités sont contre lui. Ce fut le cas lors de la guerre d’Indépendance et de la guerre des Six jours. Dans notre combat pour Eretz Israël, nous devons rester fidèles à la démarche de Caleb. C’est lui qui a déclaré haut et fort : « Montons, et prenons possession de notre héritage, car nous en avons la force ! »
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[1] Nétivoth Mochè, parachat ‘Hayé Sarah.

 

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