Chémini – La faute de Nadav et Avihou
Rav Nahum Botshko
Notre paracha traite du jour grand et solennel où fut inauguré le sanctuaire du désert, où pour la première fois la Chékhina, la Présence divine s’est manifestée aux yeux de tout Israël, ainsi que le rapporte le verset (Lév. ix, 23) : « la gloire d’Hachem apparut à tout le peuple. » Mais immédiatement après se produit la catastrophe où périront Nadav et Avihou, les fils d’Aharon, pour avoir approché de l’autel des parfums un feu étranger qui ne leur avait pas été demandé. Cet acte a éveillé la colère divine et (ibid., x, 2) « un feu sortit de devant Hachem et les dévora, et ils moururent devant Hachem », tout ceci survenant au beau milieu de cet événement historique.
Quel était l’intention de Nadav et d’Avihou ? Et pourquoi leur acte les rendait-il passibles de mort ?
Nos maîtres ont rapporté diverses explications à ce sujet. L’un des midrachim (Erouvine 63a) dit qu’ils ont enseigné la halakha en présence de Moïse leur maître, faute grave punie de mort. Ils ont dit: c’est à nous que la Thora s’est déjà adressée, disant (ibid., i, 7) : « les fils d’Aharon présenteront du feu sur l’autel » ; bien que le feu descende du ciel, il nous incombe de présenter aussi un feu d’origine humaine, terrestre.
Mais un autre midrach (Zévahim 115b) affirme d’autre part que les fils d’Aharon ont sanctifié le Nom ! Moïse dit à Aharon : « tes fils ne sont morts que pour la sanctification du Nom. » Comment est-il possible que du dedans de la faute commise ils aient pourtant sanctifié Son Nom ?
L’auteur du Thora Témima donne de cela une profonde explication : la finalité de l’érection du sanctuaire et de la manifestation de la Présence divine qui s’y produit était d’expier les fautes des enfants d’Israël, comme l’indiquent de nombreux versets. Il s’en est suivi la crainte que certains puissent penser qu’il était loisible de fauter, puisque le sanctuaire est là pour expier les fautes. Il était donc inutile d’être bien scrupuleux dans l’accomplissement des mitzvoth…Afin d’empêcher le développement d’une telle attitude, Dieu devait montrer au peuple que la propriété expiatrice du sanctuaire ne portait que sur les fautes involontaires mais non sur celles commises en connaissance de cause. La mort de Nadav et d’Avihou en est la preuve : bien que justes bien-aimés de Dieu, la sainteté du sanctuaire ne les a pas protégés lorsqu’ils ont volontairement commis une faute.
Le Thora Témima explique aussi qu’ils n’ont pas seulement enseigné la halakha en présence de Moïse leur maître, mais qu’ils se sont aussi trompés en la matière. Car ce n’est que sur l’autel extérieur qu’il convient d’apporter un feu humain, mais non sur l’autel intérieur. C’est de l’autel extérieur qu’il faut prendre le feu pour l’autel intérieur ; or, ils ont quant à eux apporté leur propre feu d’une autre origine.
Si nous approfondissons cette explication pour comprendre en quoi leur faute a consisté, nous découvrons qu’au jour de l’inauguration du sanctuaire, après un service extrêmement assidu des cohanim et du peuple, c’était le désir de Dieu que le feu de l’autel intérieur ne provienne pas d’une origine humaine, alors que Nadav et Avihou ont voulu pénétrer encore plus avant et se rapprocher davantage de Dieu de par leur propre conduite – c’était là leur erreur.
Nous sommes aussi instruits dans notre vie quotidienne d’avoir à faire le maximum d’efforts dans notre activité matérielle et spirituelle, économique, la recherche d’un conjoint, l’étude de la Thora, etc. Mais nous devons rester conscients du fait que le résultat final ne dépend pas de nous. Nous ne saurions « forcer la main » de Dieu provoquant un résultat qui ne correspond pas nécessairement à Sa volonté ! Sans réduire en rien nos propres efforts, nous devons pourtant nous en remettre à Dieu afin qu’Il en assure le succès, si telle est Sa volonté et c’est alors que nous bénéficierons de l’aide d’En-haut.
Chabbat Chalom
Traduit par Rav E. Simsovic