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Rav Nahum Botschko – C’est par la haine gratuite que le Temple fut détruit

Rav Nahum Botschko – C’est par la haine gratuite que le Temple fut détruit

C’est par la haine gratuite que le Temple fut détruit

Le neuvième jour du mois d’Av marque la destruction du Temple de Jérusalem. Le Talmud, dans le traité Guittin, pages 55b à 58a rapporte nombre de récits décrivant l’atmosphère, les causes et les effets qui y ont conduit.

La phrase est bien connue, qui pose laconiquement que le Temple a été détruit à cause de la faute de la haine gratuite ; la Providence a agencé en quelque sorte le jeu des événements de manière telle que les Romains détruisent le Temple et qu’Israël soit exilé et tout cela à cause de cette conduite conflictuelle néfaste et querelleuse entre l’homme et son prochain, entre chacun et son voisin.
Il est peut être possible de considérer encore sous un autre angle la signification du fait que le Temple a été détruit à cause de la haine gratuite.

La guémara citée décrit en page 56a la situation à l’intérieur de la ville de Jérusalem durant le siège de la ville par Vespasien. Y habitaient trois personnages à la fois extrêmement riches et extrêmement généreux, qui pouvaient assurer tous les besoins des habitants de la ville en blé et en orge, en huile et en bois, leur permettant de soutenir le siège très longtemps et Jérusalem pouvait être sauvée. Mais en dépit de la bonne volonté et des possibilités économiques, une querelle éclata parmi les habitants de la ville quant à la conduite à tenir à l’égard des Romains. Certains (« les Maîtres ») disaient qu’il fallait se montrer conciliant avec eux. D’autres (les « fiers à bras ») disaient qu’il fallait les combattre sans concession et ne pas se rendre. Les disputes étaient tellement vives qu’un groupe de fiers à bras brûla tous les entrepôts de nourriture de la ville, provoquant une famine épouvantable qui rendit le siège insupportable. C’est cette initiative qui, en fin de compte, provoqua l’affaiblissement et la chute de Jérusalem face aux puissantes légions romaines.

La guémara raconte aussi en page 55b l’histoire bien connue de Qamtza et Bar-Qamtza. Mais la plupart de ceux qui s’y réfèrent omettent un détail capital : ce Bar-Qamtza humilié en public s’en alla porter auprès des Romains des accusations mensongères contre les Juifs, affirmant qu’ils fomentaient une révolte contre Rome. Sa stratégie porta ses fruits et déboucha finalement sur le siège de Jérusalem.

Ces deux exemples indiquent clairement que la destruction de Jérusalem n’est pas du tout conçue comme une punition céleste provoquée par une conduite sociale indigne de la part des Juifs. C’est un enchainement d’événements provoqués par la haine des uns pour les autres – haine que nous qualifions de gratuite mais à laquelle eux trouvaient toutes sortes de justifications – qui aboutit à la catastrophe : incendie des entrepôts ou dénonciation aux autorités romaines. « Par la faute de la haine gratuite la terre fut détruite » Il n’y avait pas seulement là une faute morale dans les relations interpersonnelles ; les querelles elles-mêmes ont un mécanisme propre qui amena directement et concrètement le désastre.

On a célébré il y a quelques jours le 20ème anniversaire de la mort de Menahem Béguinז"ל . L’une des péripéties dont il fut un protagoniste actif et qui est portée à son crédit est l’affaire de l’Altalena. Le bateau chargé d’armes et de combattants de l’Irgoun abordait le rivage d’Israël lorsque, par ordre de Ben Gourion, il tomba sous le feu du Palmach. Menahem Béguin, chef historique de l’Irgoun, avec un courage exemplaire et un sens aigu de ses responsabilités, ordonna à ses troupes de ne pas riposter. Cette décision a sans aucun doute évité une guerre fratricide juste avant l’établissement de l’État, guerre qui aurait presque certainement réduit à néant toute possibilité de cet établissement. Quand les Juifs se battent entre eux il ne reste à nos ennemis qu’à les regarder faire en se frottant les mains.

Dans son livre Orot, dans la partie intitulée : « La marche des idées », le rav Kook זצ"ל explique que la dimension nationale faisait problème à l’époque du Deuxième Temple, les différents groupes sociopolitiques se combattant les uns les autres et que ceci ne serait réparé de notre temps que par l’amour gratuit, lorsqu’une armée unique, non divisée par des querelles partisanes veille sur le peuple, comme c’est aujourd’hui le cas.
En cette génération, notre rôle doit être de perpétuer l’unité nationale et ainsi nos ennemis seront impuissants contre nous.

 

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