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Rav Moshé Botschko zatsa »l : Beréchit – la finalité de l’œuvre humaine selon la Thora

Rav Moshé Botschko zatsa »l : Beréchit – la finalité de l’œuvre humaine selon la Thora

« Au commencement, Elohim créa les cieux et la terre. »
La Thora nous dévoile ici le fait que la Création fait apparaître deux manières d’être, radicalement différentes l’une de l’autre, tant dans leur essence que dans leur finalité :
D’une part (Psaumes CXV, 16), « les cieux – cieux – appartiennent à Hachem, et la terre, Il l’a donnée aux hommes. »
Les cieux, le monde « d’en haut », n’est pas notre milieu vital ; nous n’avons, du même coup, pas le droit de nous interroger à leur sujet où de chercher à y agir. Ce monde « d’en haut » est par définition transcendant par rapport à nous et il Lui est réservé à tout jamais, Lui qui « réside sur la circonférence des cieux »1.

D’autre part – et c’est tout le contraire – la terre. Avant même que soit créé l’homme, la terre est déjà désignée comme le lieu de sa demeure. C’est là qu’il est appelé à agir. Elle est réservée à son usage. C’est là que son activité – dans toute la mesure de ses moyens – est donnée à l’exigence d’améliorer, réparer et parachever, autant que sa sagacité le lui permet.

Avec l’homme commence ce que nous appelons l’Histoire. Dès lors, tout au long des jours et jusqu’à l’Avènement, de génération en génération, il incombe à l’homme de s’acquitter de sa tâche : améliorer et parachever. Il est des générations qui s’élèvent et d’autres qui s’abaissent. Des générations de créativité et des générations de criminalité et de destruction, comme celle de Qaïn. Cependant l’objectif ne change pas et nous somme appelés à sa rencontre : « jusqu’à ce que vienne Chilo » (Genèse XLIX, 10) et que la terre soit enfin assise sur ses bases 2.

Pour ce qui est de nous, Israël, il nous a été confié la force spécifique de perfectionner et d’illuminer le monde. C’est cela la force de la Thora. Depuis qu’apparut l’homme Moïse, par qui lumière est venue au monde, et depuis que la Thora par lui nous a été donnée, au monde tout entier aussi a été donnée la possibilité de se reprendre, s’élever et se construire. Bien que les nations du monde n’aient reçu que la législation élémentaire – les sept lois noahides – elles sont à même de recevoir de nous la lumière de la Thora, la lumière de l’équité et de la vérité.

Et dans l’esprit de la Thora, nous devons nous préparer à cette tâche nôtre. Nous avons été destinés à être lumière pour les Nations. Et voilà qu’entre temps, notre propre situation, dans notre sainte terre, n’est pas vraiment idéale ! D’une part, certes, s’accomplissent toujours plus nombreux des actes de justice et de bonté de manière extraordinaire ; mais d’autre part nous rencontrons aussi au sein de notre peuple des cas de meurtre et de cruauté et le public accepte cela comme chose banale.

Beaucoup est encore à faire pour que chaque Juif prenne conscience de la sublime tâche qui nous incombe. Le chemin est encore bien long devant nous et beaucoup de travail encore nous attend, pour que se pénètre le cœur de chaque Juif de la sainteté de la vie, de sorte que plus aucun acte meurtrier ne soit commis en Israël, que toutes nos pensées et tous nos actes soient fondés sur la pureté et la sainteté. Nous devons investir dans l’éducation de la jeunesse, implanter le « luminaire de la Thora » dans le cœur de chaque adolescent, « Car tu es un peuple saint pour Hachem, ton Dieu, et c’est toi qu’Hachem a choisi pour lui être un peuple particulier entre tous les peuples présents sur la terre » (Deutéronome XIV, 2).

Ces principes que nous avons entendus au Sinaï, « Je suis Hachem ton Dieu », « Tu n’assassineras pas », « tu ne voleras pas » – nous devons leur faire prendre racine dans le cœur de chaque personne d’Israël. Nous le pouvons et nous le devons !
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Elohim dit : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail ; enfin sur toute la terre… Et Elohim créa l’homme à son image ; à l’image d’d’Elohim Il le créa… (Genèse I, 26-27)
Ceci est le livre des engendrements de l’homme ; au jour où Elohim créa l’homme, c’est à la ressemblance d’Elohim qu’Il le fit. (Genèse V, 1) »
Lorsque nous en venons à nous demander en quoi – par laquelle de ses caractéristiques – l’homme a été fait à l’image d’Elohim et à sa ressemblance, nous avons à comprendre que le texte fait référence précisément à son état d’après qu’il eut mangé de l’arbre de la connaissance du bien et mal. « À notre image et à notre ressemblance », dit le Saint béni soit-Il, à savoir qu’il soit doué d’entendement et de responsabilité, doué de la capacité de choisir, de discerner et de distinguer entre le bien et le mal, la vie et la mort. Un homme créé à l’image d’Elohim possède une conscience qui l’élève au-dessus du niveau où se manifestent les appétits de l’être de nature. Il a le pouvoir de dominer les bêtes parce que celles-ci n’agissent qu’en fonction de leurs instincts alors qu’il nous est demandé une conscience haute et lucide. Il nous est demandé de dominer nos instincts, que ceux-ci soient soumis à notre valeur inégalable : « car c’est à l’image d’Elohim qu’Il fit l’homme » (Genèse IX, 6)
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Au sixième jour furent créés tous les êtres vivants qui sont sur la terre, et ensuite fut créé l’homme. Le sixième jour est en cela supérieur aux cinq jours qui l’ont précédé. Créant l’homme, le Créateur a aussi dévoilé la différence qui le distingue des êtres vivants : ceux-ci ont été créés pour l’œuvre alors que l’homme a été créé pour la finalité de l’œuvre. Le poids du joug, l’œuvre elle-même, relève de la nature des animaux, alors que celle de l’homme est définie par « pour la travailler et la préserver » (Genèse II, 15).

Cette « préservation » fait écho au commandement « les Enfants d’Israël préserveront le chabbat » (Chémot XXXI, 16).
Cela signifie que l’ouvrage de l’homme n’est pas une fin en soi. Il est préparatif au repos, préparatif à la jouissance chabbatique. En ce point est aussi dévoilée la différence entre Israël et les nations ; le jour du repos est chez eux celui qui est d’après la Thora le premier jour de la semaine. C’est parce que leur finalité consiste dans les jours de labeur qui y font suite. Nous, au contraire, nous commençons par les six jours du labeur car notre finalité se donne dans le jour du chabbat, dans la cessation de l’activité – devenue inutile quand l’effort a abouti – notre finalité c’est ce repos éminent.

Mais il ne faut pas s’y tromper. Ce repos n’est pas une passivité qui serait oisiveté. Dans la pureté de cœur du jour du chabbat, jour où l’homme rencontre et rejoint son Créateur, nous aspirons à l’œuvre authentique, au œuvre qui est service, ainsi que nous le formulons dans la liturgie de la prière : « purifie notre afin de Te servir en vérité. » Souverain service qui est le bonheur suprême pour qui préserve le chabbat.

1 Cf. Job XXII, 14.
2 Voir Maïmonide, introduction au commentaire de la Michna.

 

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