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Rav Shaoul David Botschko – La mitsva de la paracha : Parachat Bechala’h – Les 2 guerres : matérielle et spirituelle

Rav Shaoul David Botschko – La mitsva de la paracha : Parachat Bechala’h – Les 2 guerres : matérielle et spirituelle

Rav Shaoul David Botschko
Après un long esclavage, les Hébreux sortent enfin libres d’Egypte. Le répit ne sera que de courte durée. Les Egyptiens rapidement se ravisèrent et les poursuivirent. Puis, c’est Amalek, peuple puissant et cruel, qui attaqua Israël. Ces guerres impitoyables se suivent, mais ne se ressemblent pas.
LA GUERRE DE D IEU
La guerre contre les Egyptiens est entièrement menée par D ieu; les participants ne sont que des marionnettes. C’est D ieu lui même qui poussa Pharaon à poursuivre les hébreux:
D ieu parla à Moïse en ces termes: « parle aux enfants d’Israël, qu’ils fassent demi tour, qu’ils campent devant la ville de Pitom (où ils venaient de recouvrer la liberté) entre Migdol et la Mer, en face de Baal Tsefon (haut lieu de l’idolâtrie egyptienne) ils camperont face à la mer. Et Pharaon se dira: les hébreux se sont égarés; le désert s’est refermé sur eux. Et Je renforcerai l’entêtement de Pharaon et il vous poursuivra … ».[1]
Cette mise en scène a un but clairement exprimé:
« … Je serai honoré par la chute de Pharaon et de son armée et tous les égyptiens sauront que Je suis Hachem… »[2]
L’événement culminant de cette manifestation de la puissance divine fut le partage de la Mer qui se referma ensuite sur les Egyptiens les engloutissant tous. Les Juifs eux mêmes n’étaient que des pantins lors de cette guerre; ils étaient en danger; mais c’est D ieu qui conduisit les opérations:
« C’est D ieu qui fera la guerre pour vous et vous, restez silencieux ! »[3]
Les miracles de la sortie d’Egypte n’avaient pas pour but unique de sauver les Juifs qui auraient pu être délivrés sans cette série impressionnante de prodiges. La finalité de ces miracles était de faire connaître la puissance de D-ieu. En modifiant les lois mêmes de la création, D-ieu montre qu’il en est Le Maître. Mais ces ruptures avec les lois que D-ieu avait figées au moment de la création devaient garder un caractère extra-ordinaire. En effet, le psalmiste explique que
« D-ieu a mis des lois dans la nature qui ne doivent pas être transgressées »[4]. Aussi, habituellement, les miracles sont-ils cachés, c’est à dire qu’ils s’inscrivent dans le déroulement de faits naturels. L’exception égyptienne avait pour but, une fois pour toutes, de dévoiler aux hommes qui était le Créateur. La Thora elle-même insiste sur le caractère exceptionnel de ce miracle:
« Ce que vous voyez aujourd’hui – que D-ieu guerroye pour vous – ne se reproduira jamais »[5].
LA GUERRE DES HOMMES
Si les Juifs étaient restés passifs lorsque les Egyptiens les poursuivaient, ce sont eux qui menèrent le combat contre Amalek. D-ieu n’intervint point; c’est Moïse qui gèra la crise et il la gèra seul. Il nomma Josué chef d’Etat Major, lui donna l’ordre d’enrôler rapidement une armée et de contre attaquer Amalek. Le texte raconte:
Amalek vint et guerroya contre Israël à Refidim. Moïse ordonna à Josué: choisis des hommes et sors, attaque Amalek…[6]
Mais Moïse resta tenté par le miracle. Il expliqua à Josué qu’il se réservait un rôle essentiel: celui d’intervenir auprès de D ieu:
« … moi, je me tiendrai debout sur la colline, le bâton de D-ieu dans ma main. »[7]
Il va donc monter au sommet de la colline avec dans sa main le fameux bâton, celui avec lequel il avait réalisé tant de prodiges. C’est en levant son bâton qu’il pensait assurer la victoire des hébreux. Mais il ne réussit pas cette mission: ses mains devenues lourdes, il n’eut même pas la force de les lever. Les commentateurs s’interrogent comment un homme du niveau de Moïse, un homme qui fit tant de miracles ne put soudainement même pas lever ses mains ? Rachi propose une réponse:
« Les mains de Moïse s’étaient alourdies parce qu’il ne s’était pas empressé de faire la Mitsva lui même et qu’il avait nommé quelqu’un à sa place pour mener les combats ». [8]
Moïse apprend ainsi qu’il aurait dû abandonner toutes ses prières pour diriger personnellement les combats sur le terrain. La guerre sur la terre est l’affaire des hommes et de tous les hommes et en priorité de ceux qui ont le plus haut niveau spirituel. Dans ce combat, le bâton miraculeux ne contribua pas à la victoire. Il perdit son pouvoir magique. Moïse dont les mains s’étaient alourdies souffrit physiquement. C’est ainsi que D-ieu contraint Moïse à participer avec son corps aux combats de ses soldats. Et lorsqu’il réussissait à tenir ses bras levés, la victoire souriait aux hébreux qu’il encourageait ainsi.
DE NA’HSHON A JOSUE
La guerre contre l’Egypte serait donc l’affaire exclusive de D-ieu puisqu’elle avait également comme but de faire connaître la Gloire du Tout Puissant. Celle d’Amalek l’affaire des Juifs puisqu’elle devait assurer leur défense. Les sages d’Israël nuancent ces affirmations catégoriques. L’homme ne peut jamais être absent de sa propre libération: si les Juifs n’étaient pas obligés de combattre contre les Egyptiens, ils durent avancer devant faire confiance aveuglèment à D-ieu. C’est seulement lorsque Na’hshon Ben Aminadav se jeta à la mer que celle ci s’ouvrit pour laisser le passage au peuple tout entier. Il sauva l’honneur de l’homme, montrant qu’aucune libération ne pouvait avoir lieu sans l’implication courageuse et volontaire des hommes. D’autre part – expliquent les sages – Moïse choisit des justes de la dimension de Josué pour combattre Amalek, car toute guerre a aussi une dimension spirituelle. Le soldat doit savoir quel est le sens de sa lutte. Pour assurer la victoire, la valeur et la motivation des hommes sont aussi importantes que le nombre de soldats et la qualité du matériel. Il faut savoir aussi quelle société l’on voudra fonder une fois la victoire obtenue. La supériorité de l’armée de Josué sur celle d’Amalek résidait dans la conviction de Josué qui savait parfaitement, qu’après la victoire, il allait s’atteler à une tâche d’éducation du peuple pour que les succès sur le terrain ne soient pas effacés par l’effondrement des valeurs. Pour mettre son projet à exécution, il consacrera les années qui suivirent à étudier dans le Beth Hamidrash, la maison d’études. La Thora témoigne que Josué ne quittait pas la tente de Moïse[9]. La double dimension de Josué, celle de chef d’Etat major et de Grand Rabbin lui permit de devenir plus tard le digne successeur de Moïse.
Moïse sur la colline représentait déjà cette double mission: par son maintien majestueux, il encourageait ses hommes; en dirigeant ses mains vers le ciel, il montrait aux soldats le sens du combat.
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[1] Exode 14, 1 à 4
[2] Exode 14, 4
[3] Exode 14, 14
[4] Psaumes 148, 6
[5] Exode 14, 13
[6] Exode 17, 8 et 9
[7] Exode 17, 9
[8] Rachi sur Exode 17, 12
[9] Exode 33, 4

 

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