Bamidbar – La Torah, Source de vie
Rav Nahum Botshko
La dernière partie de la paracha de cette semaine est consacrée à former la famille des Qéhatites aux précautions qu’ils devront prendre pour remplir leur tâche : porter l’Arche d’Alliance et en assurer le service :
« Et faites ceci pour eux, et qu’ils vivent et ne meurent point en s’approchant du Saint des saints : Aharon et ses fils viendront et ils les placeront chacun à son poste et à sa charge et ils ne viendront pas voir le sanctuaire comme dénudé et ils en mourraient. » (Nombres iv, 19-20)
Bien qu’il soit question ici du séjour au désert et de la présence de la Chékhina dans le sanctuaire, le sujet est cependant d’actualité même pour notre temps. Le service de l’Arche sainte et l’étude de la Thora participent d’une même réalité. Rabbi Hayim Benattar expose clairement cette perspective (Or HaHayim, ad loc.) :
« En servant l’Arche qui contient la Thora, qui est la source de vie, leurs jours s’allongeront ; à l’encontre de la crainte du dommage que provoquerait le fait de la toucher et de l’observer, la Thora dit : ils ne mourront pas. »
Nous apprenons ainsi que la Thora est, d’une part, source de vie et qu’elle est, d’autre part, d’un abord qui risque d’être dangereux – comme il est arrivé aux gens de Beth Chemech qui ont porté un regard de curiosité sur l’Arche de l’Alliance (Voir i Samuel vi, 19).
L’Arche d’Alliance en ce temps-là et l’étude de la Thora de notre temps possèdent une influence presque illimitée. Rabbi Mochè Hayim Luzzatto écrit à ce sujet :
« Dans l’ensemble des effusions qui procèdent de Lui pour les besoins de Ses créatures, il en est une supérieure à toutes les autres et dont l’objet est le plus précieux et de plus haute valeur de tout ce qui peut se trouver parmi les existants, à savoir qu’elle est ce qui peut se trouver de mieux chez les existants, de l’ordre de Son existence authentique […] et le Créateur béni-soit-Il a lié cette effusion émanant de Lui à une création procédant de Lui à cette fin : la Thora. » (Derekh Hachem 4ème partie, chapitre 2).
Rabbi Mochè Hayim Luzzatto poursuit ; il explique qu’il existe deux conditions quasi indispensables à l’accueil de cette formidable effusion dans l’étude de la Thora. D’une part « la crainte respectueuse dans l’étude elle-même » et d’autre part « l’effort perpétuel de correction de la conduite ».
Lorsque nous entreprenons d’étudier la Thora, nous devons être conscients du fait que c’est de la Parole de Dieu que nous nous approchons, telle qu’elle se manifeste dans le monde ; nous devons aspirer à mettre de l’ordre dans notre conduite en conséquence de l’étude. Nous devons intérioriser le fait que l’étude de la Thora n’a rien à voir avec une espèce de réflexion philosophique qui demeurerait dans le seul domaine intellectuel. Elle exige de notre part une constante amélioration de notre manière d’être homogène à cette étude. Ce n’est qu’ainsi que nous serons susceptibles de recevoir cette effusion merveilleuse.
La réception de cette effusion et son intensité dépendent de l’étude elle-même et de tout ce qui en découle. Par conséquent, il n’est pas possible de considérer l’étude de la Thora comme l’une parmi les « matières au programme ». L’étude de la chimie ou de la géographie ne requiert pas de l’élève une quelconque amélioration de sa conscience morale et de sa conduite. Encore moins est-il envisageable d’étudier la Thora pour la contredire et la critiquer. Une telle attitude serait non seulement stérile mais elle nous mettrait aussi en danger : investir des énergies négatives dans l’étude rend la Thora dangereuse.
« Rabbi Yéhochoua ben Lévi a enseigné : pourquoi le verset dit-il “et voici la Thora que Moïse a exposée” ? c’est pour nous faire comprendre que celui qui mérite s’expose à la recevoir comme un philtre vivifiant et que celui qui démérite s’expose à ce qu’elle soit pour lui philtre de mort. » (TB Yoma 72b)
En cette période située entre Pessah et Chavouoth, nous nous efforçons avec tout le peuple d’Israël de nous concentrer sur l’amélioration de nos qualités morales et spirituelles ; puissions-nous tous recevoir la Thora de sorte qu’elle soit pour nous philtre de vie et que nous soyons reliés par elle à la Source de tout ce qui est au monde.
Traduit par Rav E. Simsovic