La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Tsav : La crainte et L’amour
Cette paracha a pour objet le culte des sacrifices. Sujet bien difficile, parce que nous vivons dans un monde qui a complètement oublié le sens de ces rites qui sont devenus, pour nous, étranges. Pourtant, une lecture attentive face à cette étrangeté même peut s’avérer riche d’enseignements.
Il existe plusieurs sortes de sacrifices, dont les plus courants sont la ŏla, l’holocauste, qui était entièrement consumé sur l’autel, qui souligne l’insignifiance de l’homme face à l’infini. Le ‘hatath, sacrifice d’expiation des fautes (‘het) qui avait pour but d’aider l’homme à la prise de conscience de ses insuffisances et enfin les chélamim, offrandes de réconciliation, qui étaient quant à eux essentiellement consommés par ceux qui les avaient apportés ; ils se trouvaient ainsi comme invités à la table de Dieu. Par ce sacrifice, Dieu montre qu’Il fait de l’homme son associé dans l’œuvre de création. C’est une véritable relation d’amour.
Rachi enseigne que le premier des sacrifices doit être la ‘Ola :
הָעֹלָה. עוֹלַת תָּמִיד הִיא תַּקְדִּים.
« L’holocauste (‘ola). La ‘ola a la préséance sur tous les autres sacrifices. »
Pourquoi donc ? La Thora enseigne ici que la crainte révérencielle devant Dieu est la condition initiale indispensable à toute possibilité de relation à Lui. Et ceci est d’autant plus important à saisir que l’amour et la crainte de Dieu sont en fait indissociables et qu’il existe entre elles la pédagogie d’une hiérarchie. En voici une illustration :
Une montagne vue de loin paraît petite. Plus on s’en approche, et plus on perçoit sa grandeur.
Un élan d’amour nous attire vers Dieu, mais sans une conscience suffisamment claire de la vérité de l’Être que cet amour vise, il ne peut être authentique. Or, plus nous nous approchons de Lui et plus la prise de conscience de Sa hauteur éveille la crainte et la révérence. Celles-ci, à leur tour, nourrissent l’amour et le renforcent, nous permettant de nous approcher davantage sans risquer le sacrilège de celui qui, voulant contempler les fleurs de plus près, piétine les plates-bandes. Ainsi, la connaissance de Dieu, geste d’amour, est fruit de la crainte révérencielle qui nous en dévoile la grandeur infinie.
Il en est ainsi des rapports entre parents et enfants, entre maîtres et élèves. Les dimensions de respect et d’amour doivent aller de pair, selon une dialectique où le respect garantit chaque fois que c’est bien à l’autre que va l’amour et non à la satisfaction d’un désir narcissique et égoïste.