Rav Shaoul David Botschko – Parachat Vayichla’h – On ne doit pas compter sur le miracle
La mitzva de la semaine : Parachat Vayichla‘h
On ne doit pas compter sur le miracle
Jacob quitte la maison de Laban pour rentrer chez lui et découvre qu’Esaü vient à sa rencontre avec une armée de quatre cents hommes. Jacob se prépare à la rencontre avec son frère de trois manières : la diplomatie, la prière et la guerre[1]. Jacob ne se repose ni sur les assurances divines lui promettant de le sauver de tout mal ni sur la vertu de ses mérites propres qui agiraient miraculeusement à sa place. Au contraire, il reconnaît dans sa prière (Genèse xxxii, 11) : « je suis peu digne de toutes les faveurs et de toute la fidélité que Tu as témoignées à ton serviteur… » Nos Maîtres ont appris de Jacob qu’on ne doit pas compter sur le miracle (Chabbat 32a) :
« Rabbi Yannaï a enseigné que jamais personne ne doit se tenir en un lieu de danger, se disant “on me fera un miracle” – car on ne lui en fera peut-être pas ; et s’il bénéficie d’un miracle cela lui sera décompté de ses mérites. Rabbi ‘Hanin demande de quel verset on l’apprend ? “je suis peu digne de toutes les faveurs et de toute la fidélité…” »
Nos Maîtres ont prescrit qu’il incombe à chacun l’obligation de prendre toutes les précautions et de se garder de tout danger inutile en comptant sur l’aide divine. En dehors d’Eretz Israël, on s’est bien habitué au fait que si l’on perçoit une hostilité croissante dans son entourage non-juif, il est préférable de s’en aller habiter ailleurs…
Cette obligation est claire et simple dans le cas des individus, mais en Israël elle doit être évaluée en vertu d’une considération plus globale – en voici un cas d’espèce : Il y a bien des années, on m’a demandé de m’adresser à mon père, le rav Mochè Botschko זצ »ל, et de le prier d’enjoindre à sa fille de déménager parce que le village où elle habitait se serait trouvé dans une zone à risque sécuritaire. Mon père a écouté et sa réponse fut une question : et si elle s’en va, qui restera y habiter ?
Et, de fait, cela aussi nous l’avons appris de Jacob ; en dépit du danger encouru, il n’a pas renoncé à son projet de rentrer chez lui en Eretz Israël. Il a évalué les différentes manières de faire face à la situation et s’est préparé en conséquence.
Eretz Israël a été donné au peuple d’Israël par Dieu. Et le peuple d’Israël a l’obligation de le peupler et d’en faire fleurir la terre, même si cela comporte certains risques. Que signifie donc le fait de ne devoir ne pas compter sur le miracle ? Certainement pas de fuir tout conflit et de se murer dans quelques mètres carrés fortifiés. Il faut évaluer les risques et les obstacles et les affronter de toutes les manières humainement possibles à notre disposition.
Ni fuir, ni rester les bras croisés en espérant un salut miraculeux. Nous devons agir avec Lui, renforcer notre sécurité et prier pour que l’aide divine accompagne notre effort.
Shaoul David Botschko
[1] Voir Rachi sur Genèse xxxii, 9 : Il s’est préparé de trois manières : par des cadeaux, par la prière et par la préparation au combat. Par le cadeau : « l’offrande passa devant lui » (verset 22), par la prière : « Dieu de mon père Avraham ! » (verset 10), par la préparation au combat : « le camp restant sera sauvé ».