Vayétsé – Un double engagement
Rav Nahum Botshko
« Et cette pierre dont j’ai fait une stèle sera Maison de Dieu et tout ce que Tu me donneras, j’en prélèverai la dîme et la dîme pour Toi. »
Jacob fuit le pays mais ne désespère pas. Il est confiant dans le fait que viendra le temps où il reviendra et reconstruira la Maison d’Israël en Terre d’Israël. Il esquisse déjà les traits de l’entité qu’il aura à fonder en Eretz Israël. La Délivrance ne suffit pas. Encore faut-il savoir à quelle fin. C’est pourquoi Jacob s’engage à transformer la stèle en maison ; quelle maison ? Maison de Dieu. Une stèle est chose stable où sont inscrits les souvenirs du passé. Stable, mais figée. Sans progrès. Une sorte de mort. Jacob déclare : quand je reviendrai, je ferai de la stèle une Maison de Dieu. Une maison d’étude où tous seront accueillis avec amour et où tous pourront se sentir « à la maison ». Je montrerai à tous combien la Thora est source de bonheur. Jacob s’engage à ouvrir des écoles qui seront la maison de tous ceux qui voudront s’installer entre leurs murs.
Le second engagement tient au fait qu’aucune société ne peut subsister sans solidarité. L’expression hébraïque intraduisible à moins de créer le néologisme « dîmer » qui signifierait « prélever la dîme » deviendrait ainsi, en français : j’en dîmerai la dîme. Nos sages en déduisent que Jacob s’engage à donner à autrui deux dîmes, soit 20 % de ses revenus. Ils font de ce cinquième des revenus la mesure de la générosité authentique. La dîme seule n’en représente qu’un minimum pour les gens du commun.
Thora et générosité sont les deux fondements de la société que Jacob rêve de fonder en Eretz Israël. Il n’a pas réussi, lui, à réaliser son rêve. Il nous revient à nous, génération de la Délivrance, à la fois le mérite et le devoir de le faire.