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Vayétsé – Le départ de Jacob

Vayétsé – Le départ de Jacob

Rav Nahum Botschko

 

« Jacob partit de Beer-Shev’a et alla vers Haran. » : Genèse XXVIII, 10
Pour aller à Haran, il fallait bien que Jacob parte de Beer-Shev’a ! Le verset comporte donc manifestement une information vide. Pourquoi – question bien connue – souligner ainsi ce qui semble aller de soi ?
De nombreux commentateurs expliquent qu’il y a là l’expression de la puissance de la personnalité de Jacob : son départ a produit une forte impression. Rabbi Efraïm Lonschitz, auteur du fameux Kéli Yaqar, rapporte quant à lui deux commentaires un peu plus critiques au sujet de notre père Jacob.
1) Nos sages enseignent que Jacob a été sanctionné pour toutes les années passées loin de ses parents, années au cours desquelles il n’a pas rempli ses devoirs à leur égard. Or, s’il est parti, c’est sur leur ordre !? Pourquoi doit-il donc être puni de cela ? C’est qu’il aurait dû revenir dès que cela lui aurait été possible. Mais lui n’est pas seulement allé à Haran ; il a radicalement quitté le lieu d’où il est parti, se détachant pour ainsi dire de tout lien avec les siens ! Il n’est donc pas seulement allé à Haran : il est effectivement parti de Beer-Shev’a.
2) Jacob a quitté Eretz Israël et il est parti en exil. « Eretz Israël étant le lieu de dévoilement de Sa Présence, béni soit-Il, c’est déchoir que d’en sortir ; cela constitue une perte d’équilibre, puisqu’aussi bien « sortir » signifie quitter le lieu où l’être est « chez lui ». Il en résulte qu’en effet, ce départ de Beer-Shev’a a aussi eu un retentissement en Jacob lui-même.
Bien que contraint de fuir et de quitter physiquement Eretz Israël, Jacob a aussi abandonné le lieu qui lui est connaturel ; il y a là un ébranlement, un déséquilibre spirituel. Oh combien, lorsque nous sommes nous-mêmes appelés à devoir quitter le pays pour partir à l’étranger, devons-nous prendre garde au fait que nous nous plaçons spirituellement en porte à faux par rapport à notre identité et à notre authenticité, nous éloignant, nous détournant en quelque sorte de Lui, puisque ce n’est qu’en Eretz Israël que nous sommes pleinement devant Lui.
En quoi consiste le « point d’équilibre » dont parle le Kéli Yaqar ?
On pourrait dire qu’il participe de la même idée que celle de la « voie du milieu », telle que Maïmonide en parle dans ses Huit chapitres (au début du chapitre IV), introduction qu’il a consacrée à son commentaire des Pirqé Avoth et qui constitue en soi un ouvrage important :
« Les bonnes actions sont celles qui, gardant le juste milieu, également éloignées des deux extrêmes, lesquels sont tous deux un mal, l’un péchant par excès et l’autre par défaut ; et les vertus sont des dispositions de l’âme et des habitudes acquises tenant le milieu entre deux dispositions mauvaises dont l’une pèche par excès et l’autre par défaut. »
On peut donc dire que, tant du point de vue individuel que du point de vue collectif, ce n’est qu’en Eretz Israël que nous pouvons véritablement nous tenir sur la voie du milieu.
Mon grand-père, rav Mochè Botschko זצ"ל, avait coutume de parler de la nécessaire harmonie entre le corps et l’âme, la spiritualité et matérialité, entre la Thora et le travail, etc. Il me semble évident que c’est précisément en Eretz Israël que cette harmonie peut vraiment trouver son expression authentique, lieu ou chacun individuellement et tout Israël collectivement peuvent se développer de la manière la plus saine et la plus complète.
C’est sans doute aussi l’intention du Zohar lorsqu’il dit (3ème partie, folio 221b) : « et de même Jérusalem est-elle parmi les autres terres comme le cœur parmi les membres, et c’est pourquoi elle est au centre du monde, comme le cœur au sein des membres. »

 

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