Tazria – La route du Temple
Rav Shaoul David Botschko
– « Quelle est ennuyeuse, cette Paracha, déclare Ouriel à son professeur. Tant de pages pour nous parler des impuretés ! » (Touma)
– Sache, Ouriel, qu’il y a impureté et impureté.
– Que voulez-vous dire par là ?
– Vois-tu, il existe trois catégories essentielles d’impuretés : celle qui concerne la lèpre (Metsora), celle qui concerne la Nida (cycle mensuel de la femme), et celle qui concerne la mort.
– Le mort, le Metsora et la Nida seraient-ils donc des pêcheurs ?
– Mais non, mais non. Etre impur n’implique pas obligatoirement avoir fauté. Celui qui enterre un mort accomplit une grande Mitsva, et pourtant il est impur.
Etre impur signifie simplement que l’on n’a pas le droit de pénétrer dans le Temple ?
– Mais, s’il n’a pas fait de faute, pourquoi ne pourrait-il pas pénétrer dans le Temple ?
– Ecoute : je vais d’abord t’expliquer certains détails mentionnés dans la Paracha, et ensuite tu comprendras mieux. »
Alors que l’impureté du mort se transmet dès que l’on se trouve sous le même toit que lui[1], l’impureté de la femme Nida se transmet même si l’on s’assied sur son lit[2], et qu’elle ne s’y trouve plus. Le lépreux, lui, transmet la Touma à ceux qui se trouvent dans une pièce au moment où il y entre[3].
– Pour le Metsora, je peux l’expliquer moi-même.
– Je t’écoute.
– Eh bien, nous savons que le Metsora était une maladie particulière que D-ieu envoie à l’homme qui médit. Il est donc compréhensible qu’on nous demande de l’éviter. C’est pourquoi les lépreux amènent la Touma partout où ils entrent.
– Très bien. La lèpre est effectivement le seul cas d’impureté qui est liée à une faute. De même, le Metsora doit quitter le camp des Hébreux et vivre solitaire[4].
– Maintenant, expliquez-moi la signification de l’impureté de la femme Nida. C’est pourtant naturel.
– Justement, tout être humain est l’objet, dans son corps, de phénomène dont il n’est pas maître. Mais, d’autre part, le devoir de l’homme est précisément de dominer les forces de la nature. Dominer la terre est le premier commandement de D-ieu à Adam[5].
Les commandements concernant la purification de la femme Nida sont justement venus pour permettre à l’homme, à travers les lois religieuses, de donner un sens aux lois auxquelles il est soumis, et ainsi, en quelque sorte, de les dominer.
L’impureté de la Nida se transmet particulièrement par le lit, car il représente le confort matériel dans lequel l’homme risquerait de s’endormir, et c’est justement pour résister à ce danger que la Thora a érigé les lois de Nida. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle la Thora interdit les relations entre un homme et sa femme pendant qu’elle est Nida. Par le contrôle de soi, par le respect de la loi, le couple fait entrer D-ieu – si on ose parler ainsi – dans son intimité.
– Et le mort ?
– L’impureté du mort, elle, c’est une autre dimension de l’homme. L’homme est créé à l’image de D-ieu, il a en lui une étincelle divine. Le corps, à qui cette Nechama (âme) a donné vie, n’est plus rien lorsqu’elle le quitte.
L’impureté du mort, contrairement à ce qu’on peut croire, c’est un hymne à la vie.
Un homme, grâce à sa Nechama, est beaucoup plus qu’une masse de quatre-vingts kilos de chair et d’os. L’homme est avant tout un esprit qui dépasse de loin les limites de son propre corps. Aussi, lorsque l’homme meurt, est-il comme si toute sa maison s’éteignait, et c’est pourquoi l’impureté est transmise à tous ceux qui se trouvent sous le même toit que lui.
Au moment où le lépreux se repent et retrouve ainsi sa place parmi les hommes, lorsque la femme Nida réussit à signifier sa propre nature, lorsque celui qui est en contact avec un mort se purifie et comprend la valeur inestimable de la vie, alors ils peuvent reprendre le chemin du Temple.
________________________________________
[1] Nombres 19, 14
[2] Lévitique 15, 20
[3] Lévitique 13, 46
[4] Lévitique 13, 46
[5] Genèse 2, 15