Souccot : le temps de notre joie en trois dimensions
Souccot : le temps de notre joie en trois dimensions
Rav Nahum Botschko
« Dans des Souccoth vous séjournerez sept jours durant … afin que sachent
vos générations que dans des Souccoth J’ai fait séjourner les enfants
d’Israël lorsque Je les fis sortir du pays d’Égypte. » (Lévitique XXIII, 42-43)
Rachi explique que ces Souccoth sont les « nuées de gloire » dont Hachem a
enveloppé les enfants d’Israël dans le désert.
Pourquoi une fête doit-elle commémorer ces « nuées de gloire » alors que
tel n’est pas le cas pour d’autres miracles dont Israël a fait l’objet durant la
marche au désert, tels la manne ou le puits de Myriam ?
Et aussi, pour quoi la liturgie a-t-elle institué de dire à propos de cette fête
en particulier qu’elle est « le temps de notre joie ».
Le rabbi de Slonim (Nétivoth Chalom, Souccoth, 2ème
événements du passé ne sont pas en Israël objets de commémorations. Tout
ce qui a été désigné comme confié à la mémoire relève de la permanence
dont la pertinence traverse les générations. Les autres miracles dont Israël a
bénéficié dans le désert appartiennent comme tels au passé et sont révolus ;
ils n’ont donc pas été retenus pour être « reconduits » par les générations.
Mais les « nuées de gloire » qui ont protégé Israël dans le désert sont quant
à elles d’une permanence perpétuées et elles continuent à nous envelopper
et à nous protéger jusqu’à ce jour, et Hachem veille sur Israël à chaque
instant, « puisqu’il ne dort ni ne sommeille le Gardien d’Israël ».
L’expression principale de la Providence divine en faveur d’Israël à
Souccoth se manifeste par la Soucca par laquelle Israël est distingué des
autres peuples. Ainsi, rabbi Moché Hayyim Luzzato écrit (Derekh Hachem,
partie, chapitre 8, §2) : « Car voici que les nuées de gloire […] en plus de
leur utilité concrète qui était de les envelopper et de les protéger avaient
encore une autre conséquence spirituellement importante […] leur parvenait
une lumière qui les logeait à part, distingués des autres nations […] ce qui
en son temps a été fait en faveur d’Israël pour lui permettre d’atteindre au
degré supérieur dont il est digne, et dont la conséquence se perpétue pour
tout un chacun en Israël, au long des générations […] et ceci se renouvelle
en Israël lors de la fête de Souccoth au moyen de la Soucca. »
La mitzva de la Soucca a ceci de particulier que l’homme tout entier pénètre
dans la mitzva et en est enveloppé, de la tête aux pieds, ce qui fait que l’on
peut la pratiquer même en dormant, bien que l’on soit alors inconscient !
Une telle extension de sainteté au corps tout entier et en toute circonstance
a pour résultante une joie extrême et c’est pourquoi la fête de Souccoth est
plus digne qu’aucune autre d’être appelée « temps de notre joie » (Chem
miChmouel de rabbi Chmouel de Sokhatchov, Fêtes, page 152, rapporté d’après le rabbi de
Kotzk).
Au-delà de l’extension de la sainteté à tout le corps individuel du Juif qui
séjourne dans la Soucca, il y a Souccoth une dimension supplémentaire
d’extension de sainteté qui est la manifestation de la parole divine
adressée à toutes les nations. On sait que dans le Temple on offrait
au long des jours de Souccoth soixante-dix taureaux dont nos maîtres
ont enseigné qu’ils venaient à l’égard des soixante-dix nations. Ceci
exprime la dimension universaliste du peuple d’Israël dont la fonction est
d’être « royaume de prêtres et nation sainte », guide pour les nations afin de
leur enseigner comment réaliser la volonté de Dieu dans le monde, comme
le formule la prophétie d’Isaïe : « car Ma maison sera appelée maison de
prière pour tous les peuples. »
Trois dimensions se conjuguent ainsi lors de la fête de Souccoth :
Une dimension individuelle : chacun pénètre individuellement dans la
Soucca et la Présence divine l’enveloppe de toutes parts.
Une dimension nationale : la Soucca commémore les nuées de gloire qui
expriment la Providence divine en faveur d’Israël et la distinction dont jouit
Israël par rapport aux nations.
Une dimension universelle : soixante-dix taureaux sont offert en faveur des
soixante-dix nations pour le rapprocher de Dieu.
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Traduit par R.E Simsowitch