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Rav Shaoul David Botschko – Parachat Behar – ‘Elle ne sera pas définitivement vendu’

Rav Shaoul David Botschko – Parachat Behar – ‘Elle ne sera pas définitivement vendu’

À l’écoute de la Thora

La mitzva de la semaine

Parachat Behar

Elle ne sera pas définitivement vendue

La Thora nous enjoint dans notre paracha de ne pas vendre la terre (Lévitique xxv, 23) :

« Et la terre ne sera pas vendue définitivement car à Moi la terre car vous êtes étrangers et résidents avec Moi. »

Quelques versets plus haut nous avons appris les règles de l’année du jubilé consacrée une fois tous les cinquante ans au cours de laquelle toutes les terres vendues durant cette période reviennent à leurs propriétaires initiaux (ibid. xxv, 13) :

« Lors de cette année du jubilé vous reviendrez chacun à sa propriété. »

Cette règle permet d’éviter que les biens fonciers, qui sont les fondements des richesses, se retrouvent concentrées entre les mains d’une poignée de possédants spéculateurs.

Qu’est-ce donc qui est inclus dans l’interdiction de la vente des terres ?

Selon Maïmonide, il est interdit de vendre définitivement des parties du patrimoine et de renoncer à leur restitution lors du jubilé. Les terres ne sont « vendues » que jusqu’au jubilé (Règles de l’année sabbatique et du jubilé, xi, 1) :

« Eretz-Israël partagée entre les tribus ne peut être définitivement vendue, car il est écrit “et la terre ne sera pas vendue définitivement” et si quelqu’un l’a [quand même] vendue, tous deux [le vendeur et l’acheteur] ont transgressé un interdit et leurs actes sont nuls et non avenus, le champ reviendra à son propriétaire au jubilé. »

Nahmanide conclut du verset que la vente absolue d’une parcelle d’Eretz-Israël à un Gentil est interdite (Notes sur le Livre des Commandements de Maïmonide, Interdit 227) :

« J’ai trouvé dans le Talmud de Jérusalem que Rabbi Méir considère qu’une vente à un Gentil est inefficace pour libérer de l’obligation de la dîme […] et [les Sages] expliquent l’avis de Rabbi Méir par le verset “vous en transmettrez le patrimoine à vos fils pour hériter l’acquisition” (Lévitique xxv, 46) [… à savoir que] vous acquérez propriété de leur part et eux n’acquièrent pas de propriété de votre part. Et ils rapportent l’enseignement de Rabbi Eléazar fils de Rabbi Yossé en présence de Rabbi Yossé selon lequel le verset “et la terre ne sera pas vendue définitivement” renforce l’argument de Rabbi Méir. »

Voilà deux enseignements qui se complètent l’un l’autre et dont la source commune est la fin du verset “car à Moi la terre car vous êtes étrangers et résidents avec Moi”.

L’explication de Maïmonide se rapporte à une époque où toutes les tribus d’Israël résident sur leurs terres, chacun en son patrimoine. Le verset souligne qu’en dépit du fait que chacun possède un patrimoine reçu d’Hachem, dont il assume la responsabilité exclusive, il n’a pas le pouvoir d’en disposer à sa guise, contre l’ordre divin.

L’explication de Nahmanide se rapporte à une époque où le partage entre les tribus n’est plus d’actualité et la terre est confiée au peuple tout entier, et il enseigne qu’aucun individu n’a le droit de transférer à un Gentil ce qu’Hachem a donné à Son peuple.

Maïmonide et Nahmanide rappellent tous deux que la terre n’est pas nôtre – elle nous est confiée.

Peut-être le verset ne se réduit pas à n’être qu’un commandement mais contient aussi un message rassurant : la terre ne sera pas définitivement vendue ! Quoi qu’il arrive, la terre finira par revenir à ses légitimes résidents, ses enfants bien-aimés.

Shaoul David Botschko