Parachat Vayéra – Le courage de Loth
Sodome et sa région sont sur le point d’être détruits. Deux anges
arrivent chez Loth pour le sauver et l’emmener hors de la ville. Loth se
conduit à leur égard avec grande noblesse. Bien qu’il ne les connaisse pas
et ne sache pas le motif de leur visite, il les invite à venir chez lui au péril
de sa vie, la loi de Sodome interdisant l’hospitalité. Ils commencent par
refuser, mais sur son insistance, ils finissent par accepter.
« Et il fit pression sur eux, beaucoup, et ils se tournèrent vers lui et
vinrent en sa maison ; et il leur fit un festin et fit cuire des azymes et
ils mangèrent. » (Genèse XIX, 3)
Pourquoi Loth a-t-il fait cuire des matzoth pour ses hôtes ? Rachi
explique que ce soir-là était le soir de la Pâque. Surprenant ! Que vient
faire la fête de Pessa‘h au temps d’Abraham et de Loth, avant que
n’apparaisse Israël sur la scène de l’histoire, qu’il descende en Égypte et
en sorte ? Il ne nous reste plus qu’à essayer de dévoiler la profondeur qui
se cache derrière les propos de Rachi.
Pessa‘h est la fête de la libération et la liberté véritable s’exprime
dans la réalisation de la volonté d’Hachem. En donnant l’hospitalité
contre les lois de la Cité, Loth a fait montre d’un grand courage qui puise
sa force dans une liberté intime : en cette circonstance, il a réalisé son
Pessa‘h personnel. Loth s’est alors retrouvé lui-même, ce Loth qui avait
accompagné Abraham et Sarah quittant d’abord Ur en Chaldée, puis
Haran avant de se détourner de sa voie jusqu’à devoir s’en séparer.
La matza est faite uniquement de farine et d’eau, un pain pur, sans
additifs. Telle était l’âme de Loth avant qu’elle ne soit contaminée par les
scories de Sodome et au moment de l’épreuve, il a préféré revenir à elle.
C’est à ce qu’il semble la raison pour laquelle Loth a le mérite d’être
l’ancêtre du Messie dont l’une des tâches est d’enseigner la voie droite,
l’attachement à Dieu et à Sa Thora, et à ne pas obéir à des lois iniques
contraires à la Thora.
Shaoul David Botschko