1 Tora mi-Tsiyon, Kohkav Yaakov, 9062200
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Nitsavim – La Techouva en trois dimensions

Nitsavim – La Techouva en trois dimensions

Rav Shaoul David Botschko
"Tu retourneras vers Hachem ton D ieu, tu écouteras Sa Voix; et tu repecteras tout ce que Je t'ordonne aujourd'hui, toi et tes enfants, de tout ton coeur et de toute ton âme. Hachem ton D ieu reviendra avec les exilés et aura pitié de toi; Il reviendra et te rassemblera de toutes les nations où tu as été éparpillé[1]".
Ces versets sont un appel que D ieu lance à toutes les générations : "Revenez vers Moi afin que Je puisse retourner vers vous."
La Techouva : une obligation
Nombreux sont les commentateurs qui ont vu dans ces versets la "Mitsva", l'obligation de la Techouva (ou repentir) : celui qui s'est éloigné de D ieu a la Mitsva de revenir vers Lui.
Cette Mitsva montre que D ieu n'abandonne pas celui qui trébuche. En exigeant le Repentir, Il lui tend la main, car :
"Il ne désire pas la mort du pêcheur, mais que celui ci se repentisse et vive".
La Techouva : un cadeau
Par contre, pour Maïmonide, notre verset n'indique pas une Mitsva. En effet, dans son Livre du Repentir, il rapporte un tout autre verset comme source de la Mitsva du Repentir:
Celui qui a transgressé un commandement de la Torah, que ce soit un commandement positif ou négatif, qu'il l'ait transgressé intentionnellement ou par inadvertance, lorsqu'il revient vers D ieu, a l'obligation de se confesser comme il est dit[2] : "...ils confesseront leurs péchés". Lorsque le pêcheur se confesse, il doit dire : O Hachem, j'ai péché et fauté envers Toi, j'ai commis telle et telle infraction, j'ai honte de mes actes et je m'engage à ne plus jamais les recommencer[3].
En choisissant un autre verset comme source de la Mitsva du repentir, Maïmonide modifie la nature même de cette Mitsva. Pour lui, le repentir n'est pas une obligation de la Torah. La Mitsva de Techouva est le mode d'emploi de celui qui a décidé de son propre chef de se repentir. C'est la raison pourlaquelle Maïmonide ne dit pas qu'un pécheur doit se repentir, mais qu'il dit que lorsqu'un pécheur "revient vers D ieu" de sa propre initiative, il doit se confesser.
Maïmonide pense certainement que le repentir en tant que Mitsva n'est pas nécessaire pour intimer à l'homme l'ordre de cesser de fauter. Par exemple le fait d'avoir transgressé Chabbat ou médit de son prochain n'autorise pas le pécheur à renouveler ces mauvaises actions, les fautes qu'il a commises n'ayant pas supprimé de la Torah ni les lois du Chabbat ni celles concernant la médisance. Nul besoin de Techouva pour ordonner de cesser les mauvaises actions, les lois de la Torah se suffisent.
Aussi, pour Maïmonide, le but de la Techouva n'est-il pas de cesser de faire le mal, mais de réparer le mal déjà fait. La Techouva en tant que Mitsva est nécessaire pour effacer le passé, pour laver les tâches causées par les fautes.
C'est pourquoi, la Mitsva de Techouva réside dans le "Vidouy", la confession.
Lorsqu'un homme, de sa propre initiative, de sa volonté délibérée, désire retourner vers D ieu, D ieu lui offre ce cadeau extraordinaire: par le "vidouy" il peut effacer le passé. Grâce à la Techouva, le jour du jugement, les infractions qu'il aura commises ne seront pas comptabilisées.
Nos sages ajoutent que lorsque le repentir est totalement pur, il a même la faculté de transformer les mauvaises actions en bonnes actions, c'est à dire que la puissance du "travail" de de celui qui revient vers D ieu peut être si forte qu'elle devient Mitsva pour chaque action regrettée.
C'est cette idée qu'exprime Maïmonide à la fin du paragraphe où il explique que "le voleur n'est pas pardonné s'il s'est contenté de rendre son larcin". Bien entendu, il devait rendre l'objet volé, celui ci n'étant pas le sien. Aussi, rendre est-il une condition nécessaire pour être pardonné, mais n'est pas une condition suffisante. Pour être pardonné, il faut encore un labeur, le "vidouy", une confession sincère, des prières ferventes, un travail profond sur soi même.
Techouva : une promesse
Une lecture attentive de notre verset dans son contexte lui confère un sens qui dépasse l'obligation de revenir vers D ieu et c'est peut être ainsi que Maïmonide l'a compris.
En effet, la Torah situe "la Techouva" dans un moment de l'histoire :
"Et ce sera, lorsque se seront réalisés les évènements que Je t'ai annoncés, la bénédiction et la malédiction; de là bas où Je t'ai repoussé, tu reviendras à ton identité[4]".
D ieu anonce donc, qu'après qu'Israël aura subi bien des souffrances, il fera Techouva. Ainsi, notre verset n'est pas une obligation, mais une prophétie et une promesse : le jour viendra, peut être suite au persécutions, où Israël prendra conscience de son identité et se rapprochera de son Créateur.
Cela fait bien 100 ans déjà que la promesse de D ieu de ramener Son peuple sur sa terre se réalise et pourtant l'on ne voit pas qu'Israël ait fait Techouva.
Certes, cette affirmation : "Israël n'a pas fait Techouva, est gratuite". Seul Celui qui sait sonder les coeurs et les âmes, qui sait mesurer les mérites des uns et des autres peut affirmer si Israël se rapproche ou s'éloigne de D ieu.
Notons aussi, que le Rav Taichtel, dans son livre "Em Habanim Seme'ha" explique que l'action sioniste de retourner vers la terre ancestrale est une Techouva collective.
Rachi semble t il a devancé notre question en commentant notre verset (verset 3) où la Torah dit que D ieu "revient avec les exilés" au lieu de dire qu'Il ramène les exilés :
"Grand sera le jour du rassemblement des exilés et ce sera très difficile comme si D ieu lui même devait prendre par la main chacun de son endroit pour l'amener en Israël". (Rachi sur le verset 3)
Rachi savait donc déjà que le travail du retour ne serait pas un travail de masses, mais un travail à la pièce. C'est pourquoi, le processus étant lent et individualisé, il n'est pas perçu facilement.
Mais finalement, nous savons que D ieu nous enmène les uns après les autres auprès de Lui; auprès de Lui dans son sens matériel, Il nous ramène en Israël; auprès de Lui dans son sens spirituel, Il nous conduit au Repentir.
Ne refusons pas la main tendue.

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[1] Deutéronome 30, 2 et 3
[2] Nombres 5, 7
[3] Lois du Repentir chap. 1, Loi 1
[4] Deutéronome 30, 1

 

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