Michpatim – « Nous ferons et nous entendrons »
Rav Nahum Botschko
La fin de la paracha nous ramène à l’événement du Sinaï, où nous entendons le peuple d’Israël déclarer : « nous ferons et nous entendrons » (Chemoth xxiv, 7) !
Nos Sages rapportent (Chabbat 68a), à ce propos : « rabbi Eléazar a dit que lorsque les Hébreux ont anticipé le faire sur l’entendre une voix céleste a retenti, disant “qui a révélé à Mes enfants ce secret dont se servent les anges, comme il est dit ‘bénissez Hachem, Ses anges, héros de puissance qui accomplissent Sa parole, afin d’entendre la voix de Sa parole’ ; d’abord faire et ensuite entendre.” » Et Rachi explique : « prêts à faire avant d’avoir entendu, et non à la manière des serviteurs habituels qui écoutent d’abord afin de décider s’ils acceptent de s’y soumettre où non. »
En quoi le fait d’anticiper le faire sur l’entendre rend la conduite d’Israël comparable à celle des anges ?
Le rav Baroukh Halévi Epstein, auteur du Thora Témima, explique : « la nécessité d’entendre avant d’accepter est exclusivement d’ordre humain et ne s’applique pas aux anges ; ceux-ci, êtres spirituels, échappent à la durée chronologique et entendre et accepter sont pour eux simultanés. Israël ayant dit ici “nous ferons” avant “nous entendrons” se sont conduits en ceci à la manière des anges… »
Il est possible de pousser le raisonnement encore plus loin : les anges, on le sait, n’ont pas de libre arbitre et exécutent automatiquement les missions qui leur sont confiées. Il s’ensuit qu’il n’y a pas d’écart en ce qui les concerne entre les principes et la réalité. Au moment de la Révélation, Israël s’est trouvé dans une situation similaire d’identification totale avec leur volonté d’accepter le joug de la souveraineté céleste et de la Thora.
Cette idée s’accorde bien avec un autre enseignement des sages qui exprime le caractère unique de l’événement du Sinaï : « Ils se sont tenus au pied (littéralement= “au-dessous”) de la montagne. Rabbi Abdimi bar Hama a dit : cela nous enseigne que le Saint Béni soit-il a renversé sur eux la montagne comme un baquet et leur a dit : si vous acceptez la Thora, c’est bien. Et sinon, là-bas sera votre tombeau. »
Autrement dit, selon ce midrach, le Saint Béni soit-il a forcé les Hébreux à recevoir la Thora et la chose n’a pas du tout dépendu de leur bon vouloir. Que veulent donc nous dire les sages ?
La Révélation avait, faut-il dire, une finalité particulière. le Saint Béni soit-il a apposé sa marque et son sceau sur le peule d’Israël en lui imposant la Thora, suite directe du choix qu’Il a fait d’Abraham et d’Israël indépendamment de notre liberté et de notre volonté.
Il ne fait pas de doute que le peuple d’Israël ait ressenti la pression divine exercée sur lui et que expérience du fait que son propre vouloir était tout entier de réaliser la volonté divine, sans distance aucune entre la volonté intime et la réalisation concrète ; en conséquence, c’est tout naturellement que s’est formulée la proclamation ; « nous ferons et nous entendrons ».
S’il en est ainsi, il nous incombe de réduire par un effort constant l’écart entre la volonté intime imprimée en nous de marcher sur la voie de la Thora et des Mitzvoth, et notre conduite effective, tant dans le domaine des relations entre l’homme et Dieu que dans celui des relations entre l’homme et son prochain.
Traduit par Rav E. Simsovic