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Choftim – « Il écrira à son usage une copie de cette loi, dans un livre »

Choftim – « Il écrira à son usage une copie de cette loi, dans un livre »

Rav Nahum Botschko
Un des sujets de notre paracha traite de la fonction royale. La Thora y indique les droits et les devoirs incombant aux rois d’Israël. L’une des mitzvoth prescrites dans ce cadre est celle de l’écriture d’un sefer Thora : « il écrira à son usage une copie de cette loi, dans un livre » (Deut. xvii, 18). Rachi, rapportant l’enseignement des Sages, précise : Le roi devra avoir deux exemplaires de la Thora, l’un qui sera déposé dans la salle du trésor, l’autre qui rentre et sort avec lui. Quel besoin le roi a-t-il d’avoir deux Livres de la Thora. Ne lui suffirait-il pas d’en avoir un seul qu’il prendrait avec lui chaque fois qu’il sort de son palais et qui y résiderait lorsque lui-même s’y trouve ? Et pourquoi la Thora a-t-elle de plus usé d’une expression plutôt ambiguë (« une copie de ce Livre… ») au lieu de dire explicitement : « deux livres » ?
Le roi est le chef du peuple et il consacre à cette tâche tout son temps et toute son énergie. Pour guider le peuple, le roi doit être relié en permanence à la Thora, qui lui enseignera la parole de Dieu et lui montrera la voie à suivre. Néanmoins, le roi est aussi un homme ayant une vie privée, une femme et des enfants et il doit vivre – comme tout un chacun – conformément aux exigences de la Thora. Cette Thora « personnelle », le roi doit l’avoir chez lui, même lorsqu’il est loin du regard public (Cf. Les Lumières de Rachi sur Choftim de mon père, rav S.D. Botschko).
La Thora a semble-t-il précisément utilisé l’expression « une copie de ce Livre » qui laisse entendre qu’il s’agit d’un Livre pour nous enseigner que le roi doit harmoniser ses deux livres comme s’ils étaient un ; sa conduite publique et sa conduite privée doivent être exemplaires de droiture. Il ne peut être un brave homme de père et de mari et un politique corrompu – ou le contraire. C’est déjà ce qu’Hachem avait ordonné à Abraham, le père de la nation : « marche devant Moi et sois intègre ! » (Genèse xvii, 1), ce que Rabbénou Béhayé explique en disant : « sache que le mot intègre désigne celui dont le dedans et le dehors sont à l’unisson, dont la bouche et le cœur se valent. » Mon grand-père a magnifiquement formulé ceci en expliquant ce qu’est la véritable perfection : « … que sa parole ne contredise pas ses pensées, Que ses actions ne contredisent pas son intériorité et son esprit, mais qu’il soit au contraire entier en toutes ses intentions. L’homme tout entier – en son corps et son âme, son esprit et ses intentions, ses actes et ses œuvres – toutes ses facultés, lorsqu’elles s’unissent sans que rien les divise, alors seulement il parvient à la perfection authentique. Celui qui est parvenu à ce stade où son esprit est à l’unisson de ses actes, ses actes n’ayant tous d’autre source que son intériorité, sa pensée la plus intime et ses sentiments intimes produisant eux-mêmes ses actes lesquels ne sont en rien le fruit d’automatismes induits par l’habitude, ni le résultat d’une contrainte de pure discipline, dont les paroles ne sont pas des bulles nées sur les livres mais expriment sa pensée et ses intentions – c’est cela, l’homme parfait ! » (Hegyoné Moshè sur le Talmud, 2ème partie, 437)
Métaphoriquement, chacun d’entre nous est comme un roi régnant sur son petit monde, sa communauté, ses élèves, sa maisonnée, sur soi-même à tout le moins. Chacun de nous doit donc avoir aussi « deux Livres de la Thora », c’est-à-dire que sa Thora externe et sa Thora intime s’accordent sans contradiction.

Traduit par Rav E. Simsovic

 

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