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Chla’h Lékha – L’égoïsme spirituel opposé au bien du klal Israël

Chla’h Lékha – L’égoïsme spirituel opposé au bien du klal Israël

Rav Nahum Botschko

 

La paracha de cette semaine relate l’épisode dit « des explorateurs » qui ont médit d’Eretz Israël et au sujet desquels Hachem a dit à Moïse[1] : « jusqu’à quand [sévira] cette assemblée mauvaise ? » Nos maîtres ont déduit de ce verset que le terme ‘eda désigne un groupe d’au moins dix personnes, puisque les explorateurs coupables étaient au nombre de dix[2].
De même ont-ils déduit de ce verset que toute conduite de sainteté requiert une assemblée d’au moins dix hommes d’Israël[3] :
« Le verset[4] a dit “Je serai sanctifié au dedans des Enfants d’Israël” – toute conduite de sainteté ne se fera pas à moins de dix. D’où le sait-on ? Rabbi Hiyya a enseigné : on établit une relation de correspondance entre les occurrences de l’expression “au dedans”; il est écrit ici “Je serai sanctifié au-dedans des Enfants d’Israël” et il est écrit là-bas[5] “éloignez-vous du dedans de l’assemblée” et on établit une relation de correspondance entre les occurrences de l’expression “l’assemblée” ; il est écrit là-bas (à propos des explorateurs) “jusqu’à quand [sévira] cette assemblée mauvaise ?” De même qu’il s’agit là-bas de dix personnes, de même ici s’agit-il de dix personnes. »
Sans approfondir les significations de cet enseignement si particulier, nous constatons que les Sages ont établi une relation de correspondance qui n’est pas seulement formelle entre l’assemblée des explorateurs et celle de Qora‘h. Y aurait-il donc un dénominateur commun entre les deux fautes relatées, entre ces deux révoltes ? Les explorateurs et Qora‘h après eux sont-ils en fait atteints du même vice ?
En toute simplicité, les deux comportements, à la racine, relèvent tous deux de la contestation du choix divin. Dieu a choisi Moïse pour être le chef et guide du peuple dans le désert et Qora‘h et sa bande s’opposent à ce choix. De même Dieu a-t-Il choisi et destiné Eretz-Israël à Son peuple mais l’assemblée des explorateurs s’opposent à ce choix et le contestent. L’une des exigences premières requises de ceux qui veulent être au service de Dieu est de ne pas murmurer contre Ses décisions, même lorsqu’elles nous paraissent problématiques.
Il est nécessaire de comprendre aussi pourquoi les Sages ont décidé d’apprendre le principe selon lequel « toute conduite de sainteté requiert une assemblée d’au moins dix hommes » précisément de ces passages douloureux concernant des fautes de rébellion.
Le rav Abraham Isaac Hacohen Kook explique[6] :
« Ce n’est pas pour rien que cela s’apprend de la situation maligne qu’exprime le verset “jusqu’à quand [sévira] cette assemblée mauvaise.” C’est en effet de la malignité que nous atteindrons la compréhension de ce qui est juste. Car si le racha’ ne visait qu’à se nuire à lui-même, la justice divine ne s’exercerait pas avec autant de rigueur jusque dans les moindres détails de la conduite d’un fauteur qui fait du tort à sa propre personne… l’essentiel de la malignité du racha’ procède aussi du mal qu’il fait à la collectivité tout entière. »
Le mal que quelqu’un fait ne le concerne pas lui seul. Il affecte la collectivité tout entière et ceci est bien plus grave que cela. Nous avons pu constater à quel point la faute des explorateurs a nuit à tout le peuple d’Israël de longues générations durant.
« De la malignité nous atteignons à la compréhension de ce qui est juste. » De même que les méfaits personnels provoquent en tout premier lieu des dégâts à la collectivité entière, de même les conduites de sainteté ont-elles d’abord un effet bénéfique sur la collectivité entière. Nos conduites positives et notre volonté de nous élever dans les degrés de la pureté et de la sainteté doivent viser le bien commun.
Celui qui ne pense qu’à se perfectionner lui-même ne génère ni sainteté ni dévoilement de la Présence divine :
« Aussi longtemps que l’homme ne pense qu’à sa propre perfection, y compris sa perfection spirituelle, son effort n’a rien à voir avec la sainteté ! La sainteté authentique à laquelle l’homme doit tendre de toutes ses forces est de réaliser la volonté de son Créateur. L’essentiel du service suprême consiste à participer au perfectionnement de la collectivité et à la rendre méritante et de lui faire du bien en tous points. »[7]
De même qu’il existe un égoïsme matérialiste, comme celui qui consiste à vouloir avoir pour soi seul possessions, nourriture, argent, de même existe-t-il un égoïsme spirituel : je veux m’élever, et que m’importent les autres ?
Le rav Kook explique que la sainteté authentique est celle de la collectivité. Elle est obtenue lorsque l’homme se relie à sa communauté et vise à son perfectionnement.
Puissions-nous atteindre cette sainteté authentique et nous élever tous ensemble en réalisant la volonté de notre Père qui dans les cieux.

 

Traduit par Rav E. Simsovic

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[1] Nombres 14, 27.
[2] Michna Sanhédrin 1, 6.
[3] Méguila 23b.
[4] Lévitique 22, 32.
[5] Nombres 16, 21, au sujet de l’assemblée de Qora‘h.
[6] ‘Eyn Aya, Bérakhot, chap. 3, 40, à la fin du passage.
[7] Ibid., au début du paragraphe.

 

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