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Vayikra – Nous pouvons surmonter les épreuves

Vayikra – Nous pouvons surmonter les épreuves

Rav Nahum Botschko
Nos maîtres ont enseigné : « il l´approchera », nous apprend qu´on le contraint ; et il est écrit « volontairement » ! Comment concilier ces deux affirmations ? C´est qu´on le contraint jusqu´à ce qu´il dise : « je veux ». De quel cas s´agit-il ? Lorsque quelqu´un s´est engagé à offrir un holocauste et que par la suite il a changé d´avis, le tribunal l´oblige à remplir son obligation jusqu´à ce qu´il dise ; « je veux ».
Nous lisons au début de notre paracha (Vayiqra I, 3) :
« si son offrande est un holocauste, …il l’approchera, volontairement, devant Hachem »
Dans la lecture particulière où le mot liretzono s’entend comme signifiant « volontairement », le verset semble comporter une contradiction interne. En effet, il est dit d’une part « il l’approchera » qui est un impératif ; et d’autre part il est dit « volontairement » qui est un facultatif. Pour résoudre cette difficulté, le talmud dit (Arakhin 21a) :
Nos maîtres ont enseigné : « il l’approchera », nous apprend qu’on le contraint ; et il est écrit « volontairement » ! Comment concilier ces deux affirmations ? C’est qu’on le contraint jusqu’à ce qu’il dise : « je veux ».
De quel cas s’agit-il ? Lorsque quelqu’un s’est engagé à offrir un holocauste et que par la suite il a changé d’avis, le tribunal l’oblige à remplir son obligation jusqu’à ce qu’il dise ; « je veux ».
Nous rencontrons le même principe à propos d’un mari récalcitrant que le tribunal contraint à donner le guett, l’acte de divorce, à sa femme : « celui que la loi contraint à donner le divorce et qui refuse, le tribunal le condamne en tout lieu et en tout temps à la bastonnade jusqu’à ce qu’il dise « je veux » et qu’il écrive l’acte et l’acte est valide (Maïmonide, Lois du divorce, chapitre II, article 20).
Quelle curieuse idée ! Si on oblige quelqu’un par la force à dire « je veux », il ne semble pas qu’il s’agisse d’un acte de libre volonté ; ce serait plutôt purement et simplement de la contrainte ! Il n’avait finalement pas d’autre choix que d’acquiescer pour échapper à la violence. Si l’offrande sacrificielle et l’octroi du divorce, pour être valides, doivent relever de la libre volonté de l’homme, à quoi sert la contrainte ?
Maïmonide donne à cette objection une réponse dont la profondeur et l’importance rejaillit sur toutes les mitzvoth. Avant de rapporter ses propos, il faut préciser qu’il distingue fermement entre deux situations : sil le tribunal s’est trompé et a contraint quelqu’un à donner le divorce à sa femme indument, bien qu’il ait finalement dit « je veux », l’acte de divorce est invalide ; en effet il ne s’agissait alors que d’une pure contrainte par la violence et non de l’expression de sa volonté authentique. Mais si le tribunal a agit justement, et que cet homme devait accorder le divorce à sa femme, même si la décision du tribunal a été exécutée par des officiers non-juifs, et que ce sont eux qui l’ont forcé à dire « je veux », l’acte est valide.
Voici donc ce que Maïmonide écrit :
Pourquoi cet acte de divorce ne serait-il pas nul et non avenu, puisque finalement il a été contraint, que ce soit par des non-Juifs ou par des Juifs ? C’est parce que le terme « contraint » ne s’applique qu’à la situation où on oblige quelqu’un à agir d’une manière qui n’est pas prescrite par la Thora ; par exemple lorsqu’on oblige quelqu’un par la force à vendre ou à donner un bien. Mais lorsque la mauvaise volonté a pris chez lui le dessus, l’empêchant de réaliser une mitzvaou l’amenant à commettre une transgression, et qu’il a été battu jusqu’à ce qu’il ait fait ce qu’il avait obligation de faire, ou qu’il s’est tenu à l’écart de ce qu’il lui était interdit de faire, il ne s’agit pas alors de contrainte. C’est lui-même, au contraire, qui se contraignait par son attitude mauvaise.
Par conséquent, celui qui refuse de donner le divorce, puisqu’il veut toutefois faire partie du peuple d’Israël, veut donc réaliser les commandements et s’écarter des interdits, mais sa mauvaise volonté a pris le dessus. Les coups reçus finissent par avoir raison de cette volonté mauvaise et lorsqu’il dit « je veux », c’est volontairement qu’il donne le divorce.
Tout Juif, par nature, tient à faire partie du peuple d’Israël et à exprimer cette appartenance par la pratique de la Thora et des mitzvoth. Le refus de donner le divorce, de même que le refus de remplir l’obligation à laquelle on s’était engagé, par exemple à apporter un sacrifice, procèdent tous deux de la domination de la volonté mauvaise, sur la volonté authentique qui veut, quant à elle, accomplir la volonté divine. La finalité de la contrainte exercée par le tribunal est de dévoiler sa nature intime, sa vraie nature.
C’est là un enseignement important du point de vue de l’accomplissement de toutes les mitzvoth. Il arrive souvent qu’il soit difficile de surmonter les obstacles de toute sorte qui se dressent pour nous empêcher de réaliser comme il faut la volonté divine. Nous devons alors nous rappeler le fait que les empêchements viennent du dehors et qu’il nous faut affermir notre volonté profonde et authentique et alors, il ne fait pas de doute que nous pourrons surmonter ces épreuves, qu’elles relèvent des obligations à l’égard d’autrui ou à l’égard de Dieu.

 

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