Vayikra – Les sacrifices très importants : du Ola au H´atat
Rav Shaoul David Botschko
Le Rav Samson Raphaël HIRSCH, dans son commentaire célèbre sur le Pentateuque, explique que la Ola, l’holocauste, est le sacrifice par excellence. C’est par elle que la Thora introduit les lois sur le sacrifice. Adam, Noé et Abraham apportèrent des Olot. Cet acte témoigne du désir ardent de l’homme de s’approcher (Korban vient du mot Karov, qui signifie proximité), de monter toujours plus haut dans ses efforts de perfection (Ola signifie « qui s’élève »).
Mais, curieusement, le sang de ce sacrifice est versé sur le socle de l’autel qui se trouve à l’extérieur du Temple, l’autel sur lequel est consumée la chair des sacrifices. Bref, le versement du sang, qui est une des étapes essentielles du culte sacrificiel, se fait tout en bas. Tandis que lorsqu’un individu a fauté et qu’il doit apporter un ‘Hatat, sacrifice expiatoire, le sang est versé sur le haut de l’autel, sur les 4 « cornes » qui s’élèvent fièrement vers le ciel.
Et si les personnages qui ont fauté sont des hommes particulièrement importants : le Grand Prêtre ou les membres du Sanhédrin, le Grand Tribunal qui aurait induit le peuple en erreur par une loi mal transmise, le sang sera versé dans des endroits plus sacrés encore, à l’intérieur du Hé’hal, du Tabernacle, sur l’autel d’or, l’autel des encens et sur le rideau qui protège le Saint des Saints. Plus la faute est grave, car commise par des hommes, plus importants, plus le sacrifice est saint, le sacrifice expiatoire dépasserait en sainteté la Ola !
Dans le Livre du Repentir, Maïmonide expose les étapes du retour vers D-ieu. Pour lui, le repentir n’est pas d’abord le retour à l’obéissance, le changement d’attitude, l’amélioration de la conduite. L’étape première, dit il, c’est la reconnaissance de la faute. Cette étape semble pourtant parfaitement inutile: si je me repens, c’est que je sais avoir fauté, si je décide de ne pas récidiver, c’est que j’ai accepté que ma conduite passée était repréhensible.
Fausse et dangereuse illusion, dit Maïmonides. Le « Je ne le ferai plus » est loin d’être satisfaisant. En vérité, l’homme pense qu’il avait de bonnes raisons pour expliquer sa faute, surtout si elle était involontaire (cas où on apporte un ‘Hatat). Il se dit qu’il était, soit entraîné, soit fatigué, ou peut être qu’il ne pouvait pas savoir, ou encore qu’il était dans un état psychologique tel que qu’il ne pouvait pas faire autrement. A ce stade, dit Maïmonide, l’homme est très loin de la Techouva : il se ment à lui même, se regarde avec les verres déformants de la complaisance. Lorsqu’enfin l’homme comprend là où il en est vraiment, lorsqu’il prend conscience de l’immense fossé que ses pensées et actions ont creusé entre lui et le Tout Puissant, il a posé la première pierre, la pierre angulaire du véritable Retour.
Celui qui poursuit la perfection, qui monte et s’élève toujours plus haut est en situation extrêmement dangereuse. Va t il prendre conscience de sa grandeur ? La chute sera alors immédiate. Sera t il capable de regarder ses insuffisances et ses manques ?
L’élévation elle même est dangereuse : elle peut amener l’homme à se murer dans une tour d’ivoire orgueilleuse. Aussi, la Thora met-elle en garde celui là même qui tend de toutes ses forces vers D’ieu: verse le sang du sacrifice vers le bas. Prends exemple sur Abraham qui pensait de lui même qu’il n’était que cendre et poussière.
L’homme qui apporte un sacrifice expiatoire a réalisé sa place réelle dans le monde. Sa lucidité honnête lui permet de nouer avec D’ieu des relations de proximité. « Un coeur brisé et humilié, D’ieu tu ne rejettes point ». Le sang de son sacrifice sera versé sur les cornes de l’autel, et le texte précise sur l’autel de la Ola. Le ‘Hatat dans son aboutissement réalise la finalité de la Ola.
En hébreu, repentir se dit Techouva, mot qui signifie également réponse. La Techouva est notre réponse à un appel de D ieu. Dans Sa Grand Bonté le Tout Puissant nous sollicite. Lorsque nous répondons ensemble à Son appel et qu’ensemble nous revenons à Lui, Sa Présence emplit le monde. Le rideau qui voile l’entrée du Saint des Saints représente le Tabernacle dans son ensemble. C’est ainsi que la Thora, dans la Paracha de A’haré Mot, pour exprimer qu’il faut gicler du sang devant le rideau, dit: « et il fera ainsi pour le « Tabernacle » qui réside avec eux dans leurs impuretés. »
Notre Paracha, grâce au commentaire de Rachi, explique les liens qui attachent le peuple au Grand Prêtre et au Tribunal: le peuple faute parfois parceque ses sages, les membres du Sanhédrin l’ont induit en erreur; le péché de tout le peuple est alors celui de ses chefs; le Grand Prêtre, lui, est l’émanation du peuple et lorsqu’il faute, c’est, dit la Thora, « la faute du peuple ». Les sacrifices expiatoires du Grand Prêtre et des membres du Tribunal sont ainsi la réponse apportée par l’ensemble du peuple à l’appel de D ieu. C’est ce mérite collectif qui permet à la Présence divine de Se manifester dans ce monde.
« Grand est le Repentir, il atteint le Trône de la Gloire »
Kedousha Rav Shaoul David Botschko Tanakh Techouva