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Vayigach – S’installer est souvent annonciateur de malheurs

Vayigach – S’installer est souvent annonciateur de malheurs

Rav Nahum Botschko
La paracha de cette semaine s’achève sur les mots (Genèse 47, 27) : la terre de Gochène et ils s’y enracinèrent « vayéchev » ) et y fructifièrent et s’y multiplièrent beaucoup. » La guémara (Sanhédrin 106a) rapporte à ce sujet : l’expression « vayéchev » est employée, elle annonce un « Et Israël s’installa (vayéchev) en terre d’Égypte, dans « Rabbi Yo‘hanan a enseigné que cette affirmation est appuyée par quatre exemples :
1. « Israël s’installa à Chitim – et le peuple commença à se prostituer avec les filles de Moab. » (Nombres 25, 1)
2. « Et Jacob s’installa dans le pays des pérégrinations de son père, le pays de Canaan – et Joseph rapportait des médisances à leur sujet à leur père. » (Genèse 37, 1-2)
3. « Et Israël s’installa (vayéchev) en terre d’Égypte, dans la terre de Gochène – et les jours d’Israël s’approchèrent de mourir. » (Genèse 47, 27 et 29)
4. « Et Yéhouda et Israël s’installèrent en sécurité, chacun sous sa vigne et sous son figuier – et Hachem suscita contre Salomon Haddad l’Iduméen. » (I Rois 5, 5 et 11, 14)
Les moralistes, se fondant sur ces enseignements, disent que l’homme doit faire de sa demeure en ce monde un logement provisoire, comme s’il n’y trouvait pas un lieu où se fixer, afin de garder toujours en mémoire qu’il est mortel et qu’il revienne à Dieu ; c’est pour cela que chaque fois qu’Israël a voulu s’établir de façon permanente, il s’est toujours trouvé quelque chose pour le déranger. (Anaf Yossef sur Eyn Yaaqov, agadoth du traité Sanhédrin)
Il reste que ces propos sont surprenants : ne oeux-il jamais y avoir une installation qui soit positive ? La Thora, parlant de l’obligation d’habiter en Eretz Israël ne dit-elle pas : « vous en prendrez possession d’héritage et vous vous y installerez ! » Traitant de la mitzva de la soucca, elle prescrit : « vous vous installerez dans des souccoth sept jours durant. » et le commentaire de dire : « vous vous y installerez comme si vous y
Il ressort donc de tout cela qu’une installation peut être positive et qu’elle peut même être la réalisation d’un commandement. (Cf Thora Témima sur le début de la paracha de Vayéchev.) Nous devons donc en en conclure qu’il est des installations qui sont par essence problématiques et ce n’est pas de manière aléatoire que rabbi Yohanan a appuyé son propos sur les versets qu’il a cités. « Israël s’est installé à Chitim. » Pourquoi ce lieu est- il appelé ainsi ? Parce que ce nom évoque les stupides frivolités (chtouth) auxquelles le peuple s’y est livré. Ce qui laisse entendre que l’endroit y est propice et provoque cette conduite, ainsi qu’il est dit : nul ne commet de transgression si ce n’est qu’un esprit de stupide frivolité s’est saisi de lui. S’installer à cet endroit était d’emblée problématique à cause de l’atmosphère qui y régnait.
« Jacob s’est installé dans le pays des pérégrinations de son père » Jacob a désiré s’installer dans la quiétude ; l’impétuosité de Joseph l’a bousculé. En effet, telle est la destinée des justes qu’ils ne peuvent pas goûter le moindre instant de tranquillité en ce monde. La raison en est que le monde entier et le peuple d’Israël comptent sur eux et qu’ils doivent être à chaque instant sur le qui-vive, pour répondre aux exigences spirituelles de ceux qui les « Et Israël s’installa en terre d’Égypte, en terre de Gochène. » le fait de s’installer en permanence, comme il est dit « ils s’y enracinèrent et fructifièrent et se multiplièrent beaucoup », a eu pour conséquence que les yeux d’Israël se sont fermés à cause des souffrances de l’asservissement ; en effet, nos sages ont enseigné que l’asservissement a commencé dès après la mort de Jacob. Ce fut certes d’abord un asservissement spirituel, parce qu’ils se sont trouvés influencés par l’impureté de l’Égypte, mais il a préparé l’asservissement physique qui a commencé plus tard. « Et Yéhouda et Israël s’installèrent en sécurité, chacun sous sa vigne et sous son figuier », c’est le début d’une situation problématique où chacun s’occupe de ses propres affaires et nul ne se préoccupe des intérêts de la collectivité nationale. Il n’est donc pas étonnant que cela ait conduit à ce que « Hachem suscita contre Salomon Haddad l’Iduméen. »
Nous en apprenons que s’installer de manière permanente en un endroit problématique du point de vue spirituel invite nécessairement la chute ! C’est pourquoi aussi, fixer sa résidence à l’étranger de manière permanente n’est pas possible pour un Juif, car ce n’est pas là son lieu naturel. Nous l’avons appris à nos dépens : tout au long des années d’exil, même lorsqu’Israël a connu pour un temps un âge d’or en quelque endroit, peu de temps après la rage des ennemis nous rattrapait et effaçait par ses cruelles persécutions jusqu’au souvenir du bonheur illusoire.
Nous en apprenons aussi que si nous aspirons à nous attacher à la voie des justes, il nous est interdit d’être calmes et sereins.
Nous devons aspirer à toujours nous élever dans le service divin afin de ne pas permettre aux « forces négatives » de prendre le dessus en nous attaquant par surprise. Même la résidence permanente en Eretz Israël qui, en elle-même, est pure bénédiction, ne saurait être vraiment positive si elle se fait de manière égoïste, individualiste. Il faut veiller à être toujours conscient de l’appartenance à la collectivité d’Israël, à l’ensemble de la nation, et à l’unité de visée et d’intention qui l’anime. Autrement, là encore, le risque de désunion est porteur de dangers graves qu’il vaut mieux éviter.
Puissions-nous vivre et habiter en Eretz Israël, unis les uns aux autres et unis à Dieu.

 

Traduit par Rav E. Simsovic

 

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