Vayera – Le cri
Rav Shaoul David Botschko
D-ieu annonce à Abraham qu’Il va détruire toute la contrée de Sodome et Gomorhe[1].
Abraham intervient auprès de D-ieu et demande avec insistance qu’Il renonce à son projet[2].
D-ieu n’écouta point ses prières.
Loth qui habitait également Sodome, supplie également D-ieu. Il ne prononce que deux phrases : « Je t’en prie D-ieu, je n’arriverai pas à m’enfuir jusqu’à la montagne avant que le malheur ne m’atteigne. Epargne, je T’en prie la ville Mitsar qui est toute proche » (et qui faisait partie de la région condamnée)[3].
Mitsar ne fut pas détruite.
D-ieu annonce à Moïse qu’Il va détruire Son peuple car il avait fabriqué le veau d’or, Moïse s’écrie alors : « Eternel, si Tu ne leur pardonnes pas, efface mon nom de Ton livre »[4].
Le décret fut annulé.
Comment se fait-il que c’est justement la prière d’Abraham qui n’est pas écoutée ? Pourtant sa prière est la plus pure, la plus désintéressée. Loth, lui, implore pour ne pas subir lui-même le sort de Sodome; Moïse défend la cause de son peuple pour lequel il lutte depuis si longtemps; tandis qu’Abraham, lui, prie pour des étrangers qu’il ne connaissait même pas.
Rachi nous enseigne dans cette Paracha[5] que la plus belle des prières est celle que le malade lui-même adresse à D-ieu pour être sauvé. Elle sera exaucée avant celle qu’un ami pourrait faire à sa place.
En effet, lorsque l’homme perd tout espoir, qu’il réalise au plus profond de son être que son seul recours est D-ieu, c’est alors que le Tout-Puissant vient à son aide.
La prière pour autrui est, certes, désintéressée, mais elle n’est rien à côté du cri de celui qui souffre.
Abraham a discuté avec D-ieu. Il a apporté des arguments pour sauver les villes de Sodome. Peut-être y avait-il des justes dans la ville, demande-t-il ?
Les arguments d’Abraham ont été récusés car le jugement de D-ieu était irréprochable. Aussi, détruisit-il la ville.
Loth croyait que son sort était lié à celui de Mitsar; si elle allait être détruite, il disparaîtrait avec elle. Alors D-ieu écouta son cri.
De même, lorsque nos ancêtres étaient esclaves en Egypte, « Leur cri monta vers l’Eternel »[6] et c’est d’abord en réponse à ce cri que D-ieu intervint en Egypte.
Moïse ne faisait qu’un avec son peuple. Déjà dans sa jeunesse, lorsqu’il sortit et vit un égyptien frapper un hébreu son frère, immédiatement il frappa égyptien.
Toucher un hébreu, c’est toucher Moïse lui-même. Moïse lie son sort à celui de son peuple : « Si tu ne leur pardonnes pas, efface mon nom… » dit-il.
D-ieu écouta son cri.
Le cri de l’homme peut annuler le jugement tant avant le décret de D-ieu qu’après le décret de D-ieu[7].
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[1] Genèse 18, 20 et 21
[2] Genèse 18, 23 à 32
[3] Genèse 19, 19 et 20
[4] Exode 32, 32
[5] Genèse 21, 19
[6] Exode 2, 23
[7] Roch Hachana 18a