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Vaet’hanan – Prière individuelle et prière en commun

Vaet’hanan – Prière individuelle et prière en commun

Rav Nahum Botschko
Moïse décrit dans cette paracha la spécificité du peuple d’Israël : « Quel grand peuple a-t-il des dieux proches de lui comme Hachem notre Dieu chaque fois que nous l’invoquons ? » (Deutéronome iv, 7) Le peuple d’Israël est unique en cela Hachem est proche de lui en tout temps où il L’invoque.
C’est sur la foi de ce verset que Menaché, le roi scélérat, s’est mis en colère contre le prophète Isaïe et a cherché à le faire mettre à mort, l’accusant d’être un prophète de mensonge, parce qu’Isaïe a dit : « recherchez Hachem lorsqu’Il est présent, invoquez-Le lorsqu’Il est proche », ce qui laisse entendre qu’Hachem n’est proche de nous qu’en des moments particuliers et pas en tous temps, ce qui contredirait l’enseignement de Moïse notre maître !
Le Talmud, dans le traité de Yébamot (page 49b) résout la difficulté en expliquant : « là pour l’individu, là pour la communauté. » C’est dire que la prière de la collectivité est toujours exaucée, et peut annuler un décret, alors que la prière individuelle n’a qu’une influence plus limitée, et n’est efficace qu’en des périodes propices, comme les Dix jours de pénitence où Hachem est proche – « le roi est à la campagne ».
Essayons de comprendre en quoi que ce soit la différence entre la prière individuelle et la prière dite en commun. Nos maîtres ont enseigné que tout rite de sainteté requiert la présence d’un minimum de dix personnes, le minyane. Ils se fondent pour cela sur une double analogie sémantique (Méguila 23b) : « Rabbi Hiyya enseigne : le texte dit “au-dedans au-dedans“ – Il est écrit ici : “Je serai sanctifié au-dedans des Enfants d’Israël“ et il est écrit là-bas : “séparez-vous du dedans de l’assemblée“ ; d’autre part, le texte dit “assemblée assemblée“ – car il est écrit là-bas “jusqu’à quand [sévira] cette assemblée mauvaise“. De même que là-bas ils étaient dix, de même dix ici. » P
rêtez attention : le terrible verset « jusqu’à quand [sévira] cette assemblée mauvaise » qui a trait aux dix explorateurs malveillants qui ont médit du pays d’Israël, est le verset sur la base duquel nous apprenons que la Présence divine repose sur chaque rassemblement de dix personnes d’Israël !
Nos Sages n’auraient-ils pas pu trouver un verset un peu plus « flatteur »que celui-là ? Il est évident que le choix ne s’est pas fait par hasard ! Nos maîtres ont voulu nous enseigner que la prière dite en commun découle du fait que la communauté est l’expression de l’ensemble d’Israël.
Or, l’ensemble, comme en témoigne un verset du Cantique des cantiques, est sans défaut : « tu es toute belle, Ma bien-aimée, point de défaut en toi ! » En la nature profonde de la collectivité d’Israël en son ensemble, il n’y a aucune place pour la faute. L’âme de la collectivité d’Israël est tout entière pure. Lorsqu’une assemblée d’Israël se réunit pour un sujet de sainteté, même si certains de ceux qui la constituent sont critiquables pour leur conduite, il y a dévoilement de Présence divine. Même si neuf d’entre les Grands d’Israël se réunissent pour prier, ils ne pourront pas dire le qaddich ou la qédoucha, si un dixième Juif ne les rejoint pas. Et serait-il même un « racha’ ».
En effet, dès lors qu’ils sont dix, ils cessent d’être un groupement d’individus pour devenir une « assemblée » et dans l’assemblée s’exprime la sainteté de la collectivité d’Israël.
C’est pourquoi la valeur de la prière en commun est plus grande et elle est infiniment plus exaucée que la prière individuelle où le particulier se tient devant Dieu avec tous ses défauts. Terminons par une citation de la lettre 555 du rav Abraham Isaac Hacohen Kook, où il souligne avec insistance la spécificité de la Nation d’Israël, qu’il prouve en se fondant sur cette paracha.
Et voici en quels termes il la définit : « La spécificité, la ségoula, c’est-à-dire la nature propre de la sainteté qui est en l’âme d’Israël, héritée des Pères, ainsi qu’il est écrit : “ce n’est par ton mérite… mais c’est seulement en tes Pères qu’Hachem a eu désir de les aimer et Il a fait choix de leur descendance après eux“ (Deutéronome ix, 5 à x, 15), “et vous serez pour Moi uniques (ségoula) d’entre tous les peuples“ (Chémoth xix, 5) ; et la ségoula est une force intérieure sainte qui repose dans la nature de l’identité personnelle par la volonté d’Hachem, comme la nature de toute chose dans la réalité, qui ne peut être altéré en aucune façon ! »

 

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