Vaéra – Providence miraculeuse hier et aujourd’hui
Rav Nahum Botschko
La paracha de Vaera s’ouvre sur une leçon que Dieu donne à « Elohim parla à Moïse et Il lui dit : « Je suis Hachem ; or, Je me suis montré à Abraham, à Isaac et à Jacob en tant qu’El Chadaï et, mon Nom étant Hachem, Je ne me suis pas fait connaître d’eux. »
Nombreux sont les commentateurs qui ont consacrés de longs développements visant à expliquer la différence entre la révélation divine aux Patriarches en tant qu’El Chadaï et celle à Moïse, d’un rang supérieur, dévoilant le nom d’Hachem. Nahmanide écrit : « car Il est apparu aux Patriarches sous ce nom, qui subjugue les systèmes célestes en faveur de ses élus, afin de faire pour eux de grands miracles qui ne remettent pas en question le fonctionnement habituel du monde ; dans la famine, Il les a sauvés de la mort et en temps de guerre [Il les a sauvés] du glaive, Il leur a procuré richesses et honneurs et tout le bien… »
Cependant, par rapport à la manifestation de la Providence en faveur de Moïse et d’Israël au temps de la sortie d’Égypte « … sous Mon Nom de Yod-Hé par lequel tout vint à l’être Je ne me suis pas fait connaître d’eux, créant en leur faveur des choses nouvelles changeant la nature des choses ; c’est pourquoi, dis aux Enfants d’Israël que Je suis Hachem, et tu leur feras connaître une autre fois Mon grand Nom car c’est par moi que Je ferai pour eux des merveilles… » C’est-à-dire que le Saint béni soit-Il à infléchi les lois de la nature en faveur des Patriarches mais n’a pas fait pour eux des miracles surnaturels. En revanche, avec Moïse a commencé une époque où le Saint béni soit-Il a fait des miracles contraires aux
L’auteur du Nétivoth Chalom écrit1 « La Providence sous l’égide du Nom Chadaï est à l’indice de la restriction ; Il est Celui qui a arrêté l’expansion de Son monde, lui disant : « daï », cela suffit… Telle est la Providence qui s’exerce au temps des Patriarches qui relève du Nom Chadaï, nom de la restriction, Providence qui passait par l’ordre de la nature ; “et par Mon Nom de Hachem, Je n’ai pas été connu d’eux”, car de leurs jours il n’existait pas dans la Thora la Providence miraculeuse à laquelle il est fait allusion dans le Nom de Hachem ; ce n’est qu’au temps de la sortie d’Égypte que se dévoile la Providence au Nom de Hachem, Providence miraculeuse suprême, ne dépendant que du Saint béni soit-Il Lui-même… car lors de la Délivrance de l’Égypte, le Saint béni soit-Il a bouleversé toutes les lois de la nature et l’ordre providentiel était alors entièrement surnaturel. »
Et le Nétivoth Chalom d’expliquer que la Providence miraculeuse ne s’exerce que dans des situations exceptionnelles. Elle était nécessaire en Égypte parce que les Enfants d’Israël y étaient enfoncés jusqu’à la quarante-neuvième porte de l’impureté et ne méritaient pas encore la délivrance ; telle était la finalité déclarée de la révélation de la Gloire divine en Égypte : « afin que tu saches que c’est à Hachem qu’appartient la terre. » Et il ajoute qu’il est fait allusion, dans le Cantique des cantiques, au thème de la Providence présidant à la Délivrance d’Israël, dans le verset : « la voix de mon bien-aimé, voici cela vient, qui saute par-dessus les montagnes. » C’est-à-dire que lorsque le Saint béni soit-Il se manifeste pour délivrer Israël, Il n’agit pas d’après l’ordre préétabli des lois de la nature mais procède par « sauts ».
Il semble qu’on puisse dire que les miracles dont nous bénéficions ces dernières années en Eretz Israël relèvent de tels « sauts » et non des lois naturelles. Certes, vu de l’extérieur, tout semble fonctionner d’après le règne de la nature. Mais quiconque observe les choses d’un peu plus près, constate aisément la Providence dévoilée et les merveilles qui se manifestent en Eretz Israël depuis l’avènement de l’État d’Israël et jusqu’à nos jours.
Le renforcement de l’État dans tous les domaines, le merveilleux rassemblement des exilés, les guerres et les victoires, la santé économique, le monde de la Thora qui va croissant de plus en plus… quiconque voit tout cela reste ébahi devant la manière si claire dont les choses germent et se développent ! Ce n’est autre qu’une Providence miraculeuse qui se réalise au travers même des lois de la nature mais quasiment en tant que miracle visible ; c’est apparemment cela, la dimension du « saut » qui est l’expression de Il apparaît qu’en cette génération de « résurrection des morts » nationale le peuple d’Israël atteint un niveau élevé.
Le Talmud en effet enseigne où la résurrection des morts est annoncée par la Thora. C’est parce qu’il y est écrit – c’est Dieu qui parle – “et aussi Je réaliserai Mon alliance avec eux de leur donner la terre de Canaan…” Il n’est pas dit “de vous donner” mais “de leur donner”. C’est là que la Thora énonce le principe de la résurrection des morts. C’est-à-dire que c’est au moment même où Dieu annonce à Moïse que la Providence qui présidera à la sortie d’Égypte sera miraculeuse que la Thora énonce qu’à l’avenir aussi, lors de la Délivrance ultime, lorsque le peuple d’Israël obtiendra d’hériter de sa terre, la Providence sera là encore surnaturelle.
Traduit par Rav E. Simsovic