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Tetsavé – « Ils t’apporteront, pour toi et non pour Moi »

Tetsavé – « Ils t’apporteront, pour toi et non pour Moi »

Rav Nahum Botschko

 

Notre paracha débute par le verset suivant :
« Pour toi, tu ordonneras aux enfants d´Israël et ils t´apporteront une huile pure d´olives concassées, pour le luminaire, afin qu´une lumière brille en permanence. »
Ils t´apporteront, pour toi et non pour Moi.
Cependant, pratiquement tous les versets décrivant l’ouvrage de construction du Michkan et du culte qui s’y déploie le rapporte à Dieu, comme par exemple : « Ils Me feront un sanctuaire », « Tu y graveras … Consacré à Hachem », « Il sera sur son front en permanence afin qu’ils soient agréés devant Hachem », « et tu brûleras en fumée le bélier sur l’autel, holocauste pour Hachem, parfum agréable de sacrifice pour Hachem » ; de même, de nombreux autres versets laissent entendre que le culte du Temple répond à une nécessité « d’en haut », ce qu’on comprend comme signifiant une nécessité divine.
Le Thora Témima explique que dans le cas des lumières du candélabre, la Thora souligne qu’elles répondent à un besoin d’Israël et non à un besoin d’en haut, ainsi que l’exprime la guémara (Ména‘hoth 86b) : « Rabbi Chmouel Bar Na‘hmani a enseigné « à toi et non pour Moi ; Je n’ai pas besoin de sa lumière » ». C’est dire que la lumière du candélabre n’est pas destinée à Hachem ; « elle est pour l’honneur et la splendeur de la Maison – et si la Maison resplendit de lumière, c’est à l’honneur d’Israël.[1] »
Le Séfer Ha‘Hinoukh a formulé une idée semblable à propos de la mitzva de l’encens, dont l’objet est « d’accroître la gloire de la Maison, dont le parfum se répand comme dans les palais des rois ».
Il ressort de cela que la fonction de la lumière du chandelier, du parfum si particulier de l’encens est destinée à accroître l’honneur de la Maison et l’honneur d’Israël ; le Temple étant le lieu central du peuple, lieu par où la Présence divine réside en son sein, il faut qu’il soit aussi ultimement vénérable aux yeux d’Israël et aux yeux des nations.
Mais si nous en croyons le livre du Kouzari de rabbi Yéhouda Halévy, ce ne sont pas seulement ces choses qui ont pour objet la gloire d’Israël ; tout le culte du Temple ne vise pas à satisfaire un hypothétique « besoin d’en haut », mais bien des besoins « vulgaires », ceux d’Israël lui-même. Voici ce qu’il dit[2] :
« Tout ce qui constitue le culte sacrificiel : travaux, sacrifices, encens, chants … n’est appelé : Service du Seigneur, Pain de ton Dieu, etc. que par façon de parler. Ces expressions signifient simplement que Dieu est satisfait du bel ordonnancement de la nation et des prêtres, qu’Il accepte, si 1’on peut dire, leur hospitalité, (grâce à ce saint culte, le peuple obtient) qu’Il réside au milieu d’eux pour leur faire honneur. Il est cependant trop saint et trop élevé pour tirer jouissance de leur nourriture et de leur boisson, qui ne sont destinées qu’à eux. »
Il veut dire qu’il est bien évident que Dieu n’a pas besoin ni des sacrifices ni de tout le culte du Temple. Mais grâce à ce culte, la Présence divine peut reposer sur terre et de manière plus évidente dans le Temple et ainsi le peuple et le monde peuvent bénéficier de l’épanchement divin.
Mais s’il en est ainsi, pourquoi la plupart des textes sont-ils formulés de telle sorte que l’on puisse croire que tout ceci est destiné à Dieu ?
Car enfin, lorsque l’homme se dispose au service de Dieu, que ce soit à l’époque du Temple ou de nos jours par la prière et la pratique des mitzvoth, il doit percevoir qu’il sert Dieu et non lui-même. Sinon, la signification de ce service se trouverait nanifiée à des dimensions égoïstement utilitaires. Nous devons nous habituer à dépasser les limites restreintes de notre petite bulle privée afin d’œuvrer pour le bien général, visant les objectifs les plus nobles et les plus élevés.

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[1] D’après Séfer Ha‘Hinoukh sur la mitzva du chandelier.
[2] Livre II, 26 (Cf. Verdier, Le Kuzari, collection « Les Dix Paroles », page 59).

 

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