Rav Shaoul David Botschko – Parachat Noah – L’essence de l’Homme
À l’écoute de la Thora
Le verset de la semaine
Parachat Noaḥ
« Qui versera le sang de l’homme en l’homme son sang sera versé car c’est selon l’image qu’Elohim a fait l’homme. »
Que signifie l’expression du verset dam ha-adam ba-adam traduite littéralement ci-dessus « le sang de l’homme en l’homme » ? La plupart des commentateurs expliquent « en l’homme » comme signifiant « en présence d’hommes », c’est-à-dire devant témoins. Le coupable sera alors passible de la peine de mort – son sang sera versé – prononcée par un tribunal, car l’homme a été fait à l’image divine. L’homme n’est pas similaire aux autres êtres vivants qu’il est permis de tuer, comme s’il était le produit d’une évolution à partir du singe. Il est significativement différent. Le meurtre est donc un crime impardonnable car il a porté atteinte à une victime, porteur de l’image divine. Le meurtrier étant lui-même porteur de cette image, il est pleinement responsable de ses actes et ne peut prétendre être incapable de se contrôler. Le tribunal, quant à lui, est responsable en tant que composé de juges eux-mêmes porteurs de cette image et sur leurs épaules repose l’obligation que le fort ne s’en prenne pas au faible. Il ressort de tout cela combien dangereuse est la théorie de l’évolution négatrice de l’image divine et pour qui l’homme ne serait qu’un animal évolué. La victime n’était qu’un animal et le meurtrier n’a agi que mû par ses instincts naturels. Dès lors, le sort du monde est entre les mains des puissants et à quoi bon des tribunaux !?Le Talmud explique que « le sang de l’homme en l’homme » fait référence à l’embryon. Il s’ensuit qu’à défaut de causes très particulières l’avortement est interdit. Nous ne savons pas exactement à quel stade l’âme divine est insufflée dans le corps ; est-ce dès la conception ? quarante jours après ? au moment de la naissance ? Peut-être plus tard, lors de la bar-mitzva ? Il est clair toutefois que l’embryon est une âme divine en puissance. Ce n’est ni une marchandise ni une excroissance parasite dans le corps de la femme. Il est interdit de lui porter atteinte bien qu’il ne soit pas encore un homme au sens simple du terme. Rabbi Beḥayé ben Acher explique que la Thora fait ici allusion à celui qui fait honte à son prochain : le sang de l’homme en l’homme est celui qui quitte son visage devenant pâle comme la mort. Bien que le coupable ne soit pas juridiquement passible de la peine de mort, la Thora nous enseigne la gravité de cette conduite et combien il faut être attentif à ne pas blesser les sentiments d’autrui, homme créé à l’image divine. Comme tel, au-delà de sa présence physique, il est réalité spirituelle.Le dénominateur commun de ces commentaires traditionnels vise la dimension de sainteté présente en l’homme créé à l’image divine ; il est non seulement interdit de le tuer, mais c’est vrai même quand il n’est « qu’en puissance » et c’est vrai aussi de sa sensibilité et de ses sentiments.
Shaoul David Botschko