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Rav Shaoul David Botschko – Parachat Chémini – Deuil: chant glorifiant la vie

Rav Shaoul David Botschko – Parachat Chémini – Deuil: chant glorifiant la vie

À l’écoute de la Thora

La mitzva de la semaine

Parachat Chemini

Deuil – chant glorifiant la vie

Le jour où le michkan, lieu de résidence de la Présence divine dans le monde, a été inauguré, un drame s’est produit : deux des fils d’Aharon sont morts. Joie et douleur se sont mêlés l’une avec l’autre.

Aharon, le père des défunts et Eléazar et Itamar, les frères survivants, ont été instruits à ne pas prendre le deuil, ceci à cause de leur importante fonction au service de la collectivité en ce grand jour (Lévitique x, 6) :

« Et Moïse dit à Aharon et à Eléazar et Itamar ses fils – ne rasez pas vos têtes et ne déchirez pas vos vêtements et vous ne mourrez pas et que la toute la communauté soit sujette à la colère ; et vos frères, toute la Maison d’Israël, pleureront la brûlure qu’Hachem a brûlée. »

Les Sages en ont appris que celui dont un proche parent est mort doit adopter des conduites de deuil. Maïmonide résume les principales règles de deuil – dont quelques-unes sont énoncées dans la paracha (Règles du deuil, V, 1) :

« Voici les choses interdites à l’endeuillé, le premier jour par ordre de la Thora et les jours suivants par ordonnance rabbinique. Prendre soin de la coiffure, faire la lessive, se laver, s’enduire, s’approcher de sa femme, se chausser, travailler, étudier la Thora, dresser le lit [ce qu’on réalise de nos jours en s’asseyant sur des sièges bas], se raser la tête, saluer du mot paix, en tout onze choses. »

Nous apprenons donc que le deuil est une mitzva de la Thora, mais c’est un deuil qui est repoussé par la joie de la collectivité.

Le deuil pour le défunt concrétise le fait que le départ d’un homme hors de ce monde est un drame. Certes, nous croyons à la vie éternelle, mais la vie pratique est précisément la vie de ce monde-ci. Vie composée de défis et d’efforts, en même temps que d’élévation spirituelle. Ce monde est le leu où nous agissons, créons et bâtissons, et c’est donc une grande douleur lorsque quelqu’un quitte ce monde et son œuvre reste inachevée. Mais malgré la douleur et la souffrance, il ne faut pas exagérer le deuil. Par conséquent, le jour de la fête nationale les Cohanim n’ont pas observé les règles du deuil mais ont continué à servir le peuple. Cette idée s’exprime dans la halakha qui stipule que bien qu’il y ait obligation de prendre le deuil pour le défunt, il est interdit d’exagérer les gestes de désespoir, mais il faut s’en tenir à ca qui a été fixé par les Sages[1].

Parmi l’ensemble des raisons interdisant l’exagération des conduites de deuil, nous en retiendrons deux :

  1. L’exagération du deuil nie la foi dans l’immortalité de l’âme.
  2. Un deuil exagéré brise la conduite des endeuillés qui s’enfoncent dans leur malheur au lieu de se lever et de continuer à vivre dans le monde.

Les règles du deuil expriment donc un chant de glorification de la vie. Gloire à la vie du défunt, à ses bonnes actions, et à la lumière qu’il a apportée au monde ; gloire à la vie des endeuillés qui ne s’immergent pas dans leur deuil mais se relèvent et reprennent leur œuvre dans le monde.

Bien que le corps du mort ne soit plus de ce monde, sont œuvre dure au travers de sa famille qui s’efforce de reprendre des forces pour aller de l’avant.

Shaoul David Botschko


[1] Voir Maïmonide, Règles du deuil, XIII, 11.