Parachat Ekev – Rav Avihai Nahum Botschko
Parachat Ekev
« Et tu moissonneras ta récolte »
Notre paracha nous dit : « tu moissonneras ta récolte », ce qui fait dire au Hatam Sofer (Soucca 36) que le travail de la terre – et tous les travaux d’aménagement du monde, en Eretz Israël – constituent une part intégrale du commandement positif de la Thora de Yichouv Haaretz, c’est-à-dire l’ensemble des activités destinées à rendre Eretz Israël habitable et d’y habiter.
Pourquoi le « travail » est-il si important ?
Au premier niveau, le travail constitue une nécessité afin de pourvoir aux besoins matériels de toute famille, ce à quoi tout homme s’engage dans la kétouba : « je t’honorerai et subviendrai à tes besoins… » Le Choulhan Aroukh (Orah Hayyim 156) décrit ainsi l’ordre du jour quotidien : la prière du matin avec le minyane, suivie de l’étude au beith hamidrach, le petit déjeuner, puis vaquer à ses occupations. Le Talmud (Qiddouchine 30b)spécifie : « de même qu’il est de l’obligation du père de marier son fils, de même doit-il lui enseigner un métier… »
Au deuxième niveau, le travail fait partie de l’accomplissement de soi. La Michna (Avot II, 2)enseigne : « l’étude de la Thora est efficace lorsqu’elle s’accompagne de l’activité professionnelle, l’effort des deux écartant la faute ; lorsque la Thora n’est pas accompagnée de travail, elle finit par s’annuler et entraine la faute. » Il me semble que l’intention de la michna vise le fait que l’homme a été créé avec de nombreuses facultés de créativité et de réalisation et que s’il s’en détourne et ne les exploite pas , il finira par être triste et déprimé, incomplet et, comme on le sait bien, la tristesse et l’imperfection éloignent de Dieu !
Le troisième niveau est constitué par l’obligation de développer et de perfectionner le monde. Dieu a créé le monde à l’état brut afin que l’homme le mène à son accomplissement. C’est ainsi que les sage sont dit : « six jours durant, tu travailleras », c’est un commandement positif ! Le Séfer Hamaor écrit au nom du Lev Avot (Avot I, 2, cité par Qéhati ad loc.) : « sur trois choses le monde repose – sur la Thora, sur le travail et sur la bienfaisance » ; il s’agit du travail à proprement parler, comme le labour, les semailles et la moisson car, par le travail, l’homme devient l’associé de Dieu dans l’Œuvre du Commencement, ainsi qu’il est écrit : « Que Dieu avait créé en vue du faire » – afin que par son faire, l’homme contribue à l’habitabilité du monde.
Ces trois niveaux sont vrais partout dans le monde, mais il en est un quatrième qui est exclusif à Eretz Israël : celui dont parle le Hatam Sofer que nous avons cité ci-dessus. Du verset « tu moissonneras ta récolte », rabbi Yichmael apprend l’obligation du travail de la terre (Bérakhot 35b) et le Hatam Sofer écrit que cela concerne spécifiquement Eretz Israël, car ce n’est qu’en Eretz Israël que toute activité civilisatrice est en soi une mitzva pour Israël et nul ne peut s’en dispenser. De même que celui qui étudie la Thora ne peut se croire quitte de la mitzva des téfiline, de même ne pourra-t-il pas prétendre qu’il est dispensé des différents travaux qui transforment le monde pour le rendre habitable.
L’importance du travail en Eretz Israël procède du fait que l’État d’Israël est différent par nature des autres états. La finalité de l’État d’Israël est d’être le Siège de Dieu dans le monde (Rav Kook, Orot, p. 160), d’être lumière pour les nations, par le fait que tous les systèmes de l’État fonctionnent selon la voie de la Thora, ce qui mènera toutes les nations à vouloir nous ressembler et reconnaître le Nom divin.
Pour conclure :
Il y a quatre aspects du travail :1. l’obligation de pouvoir à ses besoins et à ceux de sa famille2. l’équilibre psychique et moral de l’homme3. le développement et le perfectionnement du monde4. toutes les activités effectuées en Eretz Israël font partie intégrante du commandement de rendre la terre habitable, et lorsqu’elles sont fondées sur la Thora, ces activités promeuvent le rôle universel d’Israël.
Chabbat chalom
Nahum Botschko