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Michpatim – De Mara au Sinaï

Michpatim – De Mara au Sinaï

Rav Shaoul David Botschko

 

L’événement central qui façonne l’histoire et la réalité juives, est la Révélation de D ieu au Mont Sinaï. Ce moment était prévu dès la Création et son retentissement est aujourd’hui encore tout aussi vivace. Bien entendu, les jours qui l’ont précédé sont chacun des jours intenses où le peuple hébreu se préparait à l’impossible : percevoir la voix de D ieu.
C’est à partir du 1er Sivan que le peuple juif se met en condition, c’est ce jour là qu’il arrive au pied du Mont Sinaï[1].
Le 2 Sivan, Moïse grimpe sur la montagne et Dieu lui demande d’expliquer au peuple que s’il a été élu pour entendre la Parole du D-ieu Vivant, c’est pour qu’il devienne un peuple exemplaire et une Nation Sainte[2].
Le 3 Sivan, Moïse rapporte à D-ieu l’acceptation des juifs : « tout ce que D-ieu demande nous le ferons »[3].
Le 4 Sivan, 3 jours avant la Révélation, Moïse donne les lois nécessaires pour que chacun se purifie pour ce Grand Jour[4].
Cette historiographie est explicitée dans la Parachat Yitro, mais on fait silence sur ce qui s’est passé le 5 Sivan pour nous parler du 6 Sivan, jour, où après un ultime avertissement, le peuple de D-ieu reçoit la Parole de D-ieu de la Bouche de D-ieu.
Ce n’est qu’à la fin de la Paracha suivante, Michpatim, que la Tora reprend le cours des événements. Le 4 Sivan, en plus de l’avertissement mentionné dans Yitro, Moïse répète au peuple les enseignements qui avaient été donnés à Mara, c’est à dire les lois du Chabbat, de la vache rousse et le code civil. Le peuple accepte de se soumettre[5].
Le 5 Sivan, D-ieu scelle une alliance avec Israël. Leurs représentants, les aînés, offrent des sacrifices. Moïse lit la Thora de Beréchit jusqu’au don de la Tora. Le peuple déclare alors cette phrase devenue célèbre: « Naassé Venichma » qui se traduit : « nous ferons et nous écouterons » et qui signifie selon nos sages : « nous obéirons et nous étudierons ». Pour matérialiser l’alliance, le sang des sacrifices est giclé, par moitié sur l’autel et par moitié sur les enfants d’Israël.
Le lendemain, le 6 Sivan, (selon Rachi, après la Révélation), D ieu appelle Moïse auprès de Lui pendant 40 jours afin de lui remettre « les Tables de l’Alliance, la Thora et la Mitsva que J’ai écrite pour leur enseigner »[6].
Il est légitime de s’interroger pourquoi la Tora a réparti en 2 Parachiot ce qui s’est passé juste avant la Révélation et pourquoi Moïse a répété le 4 Sivan l’enseignement donné à Mara.
« Mara » signifie « amertume ». C’était juste après la sortie d’Egypte, les hébreux voyagèrent trois jours dans le désert. Ils ne trouvèrent point d’eau. Ils arrivèrent à Mara; ils y trouvèrent de l’eau mais elles étaient amères, imbuvables. Après les récriminations des enfants d’Israël, D-ieu montra un morceau de bois à Moïse. Il le jeta dans les eaux qui s’adoucirent. C’est là-bas que D-ieu donna aux enfants d’Israël les premiers commandements.
Pour la Tradition, les eaux symbolisent la Thora. Après trois jours sans Thora, on donne au peuple juif les premiers commandements. Il les trouve amers. Le peuple juif, alors, ne savait pas apprécier que les lois, mêmes celles qui paraissent les plus ardues, portent en elles l’amour de
D-ieu : « Tous ses chemins sont agréables et toutes ses voies sont paisibles ». Moïse dut alors faire preuve de pédagogie, adoucir les eaux.
Le 6 Sivan, jour du don de la Tora, n’avait de sens que s’il devenait le jour de l’acceptation de la Tora, de l’adhésion totale aux commandements divins.
Si la Tora a réparti en deux Parachiot différentes l’Histoire du Sinaï, c’est pour nous enseigner le double message de la Révélation :
Les dix commandements sont dix paroles que tout homme peut comprendre: la foi en D-ieu, le repos hebdomadaire, le respect des parents, l’honnêteté, le respect de la personne humaine sont des fondements de toute civilisation; d’ailleurs la plupart de ces lois se trouvent déjà, exprimés autrement, dans les sept lois noachides. Leur compréhension ne pose pas problème; par contre leur application est difficile.
Grâce à la Révélation qui donne à ces lois un caractère d’absolu, le peuple juif peut s’en pénétrer et devenir ce peuple de prêtres dont parle la Paracha de Yitro.
Mais il y a une autre méthode : le peuple juif est dépositaire d’un secret qui permet à chaque homme, même s’il n’était pas présent lorsque D-ieu dévoila les dix commandements, de s’élever à un niveau spirituel tel que vivre selon ses principes devient sa nature. Le secret est dans la Mitsva d’étudier toute la Thora. C’est en étudiant et en analysant les détails de la Thora que nous réalisons une alliance avec le Tout Puissant. L’intimité avec D-ieu se construit par un dur labeur, une étude et une fatigue chaque jour renouvelée.
Yitro est la péricope des grandes valeurs du judaïsme, celles qui ont attiré Yitro et qui se trouvent dans le décalogue. L’important dans cette Paracha est que les juifs ont relevé le défi et ont dit : « nous le ferons », nous vivrons conformément à ces valeurs.
Michpatim fourmille de lois et de commandements et Rachi introduit la Paracha en nous expliquant que toutes ces lois avec leurs détails ont été donnés au Sinaï et c’est aussi ce qu’exprime ce commentaire de la Guemara[7] sur le verset de Michpatim cité plus haut:
D-ieu appela Moïse pour lui remettre :
les Tables de la Loi ce sont les 10 commandements
et la Thora c’est la Pentateuque
et la Mitsva ce sont les lois de la Michna
que J’ai écrit ce sont les prophètes
pour leur enseigner c’est la guemara
et la guemara conclut : ceci nous enseigne que tout a été donné à Moïse au Sinaï.
Aussi, c’est dans Michpatim, la Paracha des lois et de l’étude, que D-ieu conclut-il réellement son Alliance avec Israël et qu’Israël, tournant le dos à l’esprit de Mara, lui répond en écho : Nous obéirons et nous étudierons.

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[1] Exode 19, 1
[2] Exode 19, 3 à 6
[3] Exode 19, 8
[4] Exode 19, 10 à 15
[5] Exode 24, 3
[6] Exode 24, 12
[7] Berahot 5a

 

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