Ki Tissa – La Torah enfouie en nous
Rav Shaoul David Botshko
Dans la parasha de Ki-Tissa nous lirons (Chemot 31, 13) :
« אך את שבתותי תשמורו כי אות היא ביני וביניכם לדורותיכם לדעת כי אני ד’ מקדשכם »
(« Mais mes Shabats vous observez car c’est un signe entre moi et vous pour vos générations afin que vous sachiez que je suis Hachem qui vous sanctifie »)
Plusieurs questions se posent sur ce verset:
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La présence du mot » אך » est surprenante, nous aurions pu dire plus simplement
את שבתותי תשמורו
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Pourquoi le verset énonce l’expression « שבתותי » (« mes Shabats ») au pluriel?
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Le verset met en évidence que le Shabat est un signe que D. sanctifie Israël. Quel lien unit l’observance du Shabat et la sainteté d’Israël?
Le Or Ha’haim explique que l’essentiel du verset fait allusion aux cas particuliers où il n’y a pas lieu de respecter le Shabat :
Le mot «אך» au début du verset vient ici pour exclure et nous apprendre qu’il existe des cas où nous ne devons pas respecter le Shabat , mais bien au contraire nous avons la Mitsva de le transgresser lorsque des vies humaines sont en danger.
Le mot « שבתותי » au pluriel vient quant à lui, élargir cette autorisation à tout ce qui peut s’appeler Shabat , autrement dit tous les jours où nous devons cesser tout travail, comme Shabat lui même, les fêtes et Yom Kippour .Cela nous apprend également qu’il faut parfois transgresser pour une certaine personne malade, plusieurs Shabat s’il le faut, jusqu’à qu’il soit tout à fait hors danger.
Le Or Ha’haim pousuit et explique, que le fait d’autoriser des transgressions du Shabat dans ces cas là nous éclaire sur le degré de sainteté d’Israël. Si la sainteté du Shabat est repoussée à la faveur de la sauvgarde de la vie d’un membre d’Israël, cela sous entend que la sainteté du peuple d’Israël et plus grande que celle du Shabat, puisque la priorité est donnée au plus grand devant le plus petit. C’est pourquoi, le verset conclut : « afin que vous sachiez que je suis Hachem qui vous sanctifie » c’est à dire qu’à travers l’autorisation de transgresser le Shabat en faveur de la sauvegarde des vies, nous saurons, autrement dit nous comprendrons, que D. sanctifie le peuple d’Israël et que la sainteté d’Israël est telle, qu’elle dépasse la sainteté du Shabat.
Le niveau d’importance d’Israel nous est relaté explicitement dans le Eliyahou Raba (Ish Shalom, chapitre 15) : Un homme rencontre le prophète Eliyahou et lui dit : « Il y’a deux choses que j’aime d’un amour total : la Thora et Israël, et je ne sais pas lequel des deux est prioritaire » Eliyahou lui répondit: « En général les gens disent que la Thora est prioritaire, mais moi je te dis qu’Israël est prioritaire ».
Bien entendu, les choses sont bien plus larges et plus profondes, car comment peut-on privilégier l’un à l’autre, Israël et la Thora ne sont t-ils pas une seule et même chose ! En réalité il faut comprendre que la Thora vient décrire, détailler et dévoiler ce qui est enfoui au sein de l’identité d’Israël. (d’après le Rav Shlomo Aviner dans son explication sur le Kuzari Tome 1 page 55)
On raconte qu’une fois, un grand rav questionna ses élèves, où la Thora se trouve-t-elle? Les élèves répondirent d’un ton naturel qu’elle se trouve dans le Aron Hakodesh (Armoire sainte) ou sur les étagères de la bibliothèque. Le rav les corrigea : « La Thora se trouve dans l’âme de chacun d’entre vous, et lorsque vous lisez et apprenez de tous ces livres, alors vous ne faites que découvrir la Thora qui réside au plus profond de votre âme »
Que nous puissions tous avoir le mérite de dévoiler la Thora qui est gravée profondément en nous.
Traduit et adapté par Alexandre Kassel