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Ki Tavo – Les malédictions, mais sortir de la pénombre !

Ki Tavo – Les malédictions, mais sortir de la pénombre !

Rav Shaoul David Botschko

 

Moïse tonne, avertit, maudit.
Les péchés passés du peuple juif sont encore dans son esprit, et ceux qui sont à venir, il les voit déjà. Toute Mitsva est importante et tout péché est grave; c’est l’abandon de la Tora en général que Moïse stigmatise dans cette Paracha et dans celles qui sont à venir.
Il réserve pourtant une place particulière pour onze péchés qui vont bénéficier d’une publicité étonnante. Les Hébreux devront se placer, tous, sur deux montagnes, le Mont Garizim et le Mont Eval. Dans une impressionnante cérémonie, on maudira ceux qui s’adonneront à ces onze péchés et l’on promettra la bénédiction à tous ceux qui sauront échapper à leurs griffes.
Les voici, dans l’ordre même de la Tora:
1) Maudit qui ferait une idole taillée ou jetée en fonte… et qui l’érigerait en un lieu secret!
2) Maudit qui méprise son père ou sa mère!
3) Maudit qui déplace la borne de son voisin!
4) Maudit qui égare l’aveugle!
5) Maudit qui fausse le droit de l’étranger, de l’orphelin ou de la veuve!
6) Maudit qui s’approprie la couche de la femme de son père!
7) Maudit qui s’accouple avec quelque animal!
8) Maudit qui cohabite avec sa soeur!
9) Maudit qui cohabite avec sa belle-mère!
10) Maudit qui frappe son prochain dans l’ombre!
11) Maudit qui se laisse corrompre au détriment d’une vie innocente!
Puis Moïse termine la liste des malédictions particulières par une qui englobe toute la Thora:
12) Maudit quiconque ne soutient pas les paroles de la Thora pour les faire respecter!
Qu’ont ils donc de particulier ces péchés pour qu’ils aient mérité une telle couverture?
Ils sont, certes, exemplaires des quatre grandes catégories de Mitsvot: celles qui régissent les rapports avec D ieu, l’idolâtrie en étant le plus illustre représentant; celles qui concernent le dialogue de l’homme avec lui même, auxquelles sont attachés les interdits sexuels; celles qui établissent la responsabilité envers autrui, le vol étant la déviation la plus courante; enfin celles qui organisent la société comme une entité stable qui ne peut être régularisée que par une justice impartiale. Pourtant l’exemplarité ne justifie pas totalement les choix, car bien d’autres commandements auraient pu jouer ce rôle et parfois même de manière plus évidente encore.
Aussi, les commentateurs, (notamment Eben Ezra et Hirsch) ajoutent que ces onze péchés ont une caractéristique commune, celle de la discrétion. Il s’agit d’actions commises dans l’ombre dont les auteurs peuvent se croire à l’abri des foudres de la réprobation commune et de l’action de la justice:
« Extérieurement, il donne l’apparence d’être attaché à D ieu, mais en cachette il nie l’existence et le rôle unique de D ieu dans la conduite de l’univers;
il agit comme quelqu’un qui respecte ses parents, mais dans le secret de son coeur il les méprise;
aux yeux des créatures, il garde sa renommée d’honnête homme, mais dans la pénombre, il déplace la borne changeant le statut juridique du champ de son voisin à son profit;
aux oreilles de tous il parle avec passion de l’aide aux prochains, mais il apporte le malheur aux aveugles et mal voyants; il se conforme aux lois lorsqu’il a à faire à plus grand et plus puissant que lui, mais il n’accomplit pas son devoir humain envers les faibles dont les cris sont étouffés;
il respecte en public les règles de conduite morales, mais dans le secret de son foyer, il débride toute retenue sexuelle;
il n’attaque pas son prochain avec une épée, mais sous le masque de discussions amicales, il assassine le bonheur, la paix et l’honneur de son prochain;
comme juge, on lui fait confiance sans limites, mais, sous cette couverture, il se laisse aller à la corruption au détriment de la vie du justiciable… »[1]
Ces hommes doivent être maudits; ils se soustraient du regard de l’autre; c’est D ieu lui même qui doit alors les punir. C’est au grand jour qu’il faut dénoncer les crimes commis en silence.
Rav Hirsch précise que la lecture de ces malédictions montre que, pour être maudit, l’homme doit transgresser activement les commandements de D ieu, tandis que pour être béni il suffit de ne pas commettre ces abominations.
Être un bon juif se résumerait alors à la passivité. Non! nous enseigne Rav Hirsch, la douzième malédiction témoigne de l’exigence de D ieu envers l’homme.
En effet selon le Talmud, « celui qui ne soutient pas la Tora » n’est pas celui qui désobéit à un quelconque commandement, mais celui qui ne fait pas tout ce qui est en son pouvoir pour que la Tora soit reconnue par tous:
« Il a appris, il a enseigné, il a gardé et respecté les commandements, mais il avait la possibilité de faire respecter la Thora par autrui et ne l’a pas fait, il fait partie des maudits »[2].
Cette responsabilité de chacun envers toute la collectivité d’Israël est la sortie de l’ombre vers la lumière.
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[1] Commentaire de Rav Samson Raphaël Hirsch sur les versets 15 à 26
[2] Talmud de Jérusalem cité par les Tossafistes dans Sota 37b

 

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