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Chlakh Lekha – La faute des explorateurs et les Tzitzith

Chlakh Lekha – La faute des explorateurs et les Tzitzith

Rav Nahum Botschko

La paracha de Chla‘h Lékha débute par l’« Affaire des Explorateurs » et s’achève sur le commandement des tzitzith. Existe-t-il un lien entre ces deux sujets ? La fonction des tzitzith est de rappeler à l’homme ses obligations envers Dieu, Créateur du monde ; ainsi l’homme s’abstiendra de commettre les fautes auxquelles l’invitent les désirs de son cœur. C’est ce que dit la Thora (Nombres XV, 39) : « vous ne vous égarerez pas à la traîne de vos cœurs et à la traîne de vos yeux qui vous entraînent à l’infidélité », nous enseignant, comme le dit Rachi, que « l’œil voit, le cœur désire et le corps commet la faute. »

Quel est donc ce regard interdit qui fait trébucher l’homme ? Le regard qui entraîne à la faute est celui, pourrait-on dire, qui considère la réalité superficielle. Regard qui ne va pas au-delà de l’apparence et ne cherche pas à comprendre la signification de ce qu’il voit. Celui qui, par exemple, laisse son regard s’attarder sur les femmes, se satisfait de leurs attraits physiques. Il ne s’intéresse nullement au fait que ces femmes ont une âme, une personnalité qui leur est propre, des sentiments… Celui qui ne préserve pas ses yeux demeure sa vie entière en contemplation de la surface extérieure d’une réalité qui lui échappe.

C’est à cet égard que le fil d’azur des tzitzith vient élever le regard : « l’azur rappelle la mer, la mer rappelle de firmament et le firmament rappelle le Trône de la Gloire. » L’azur vient rappeler à l’homme qu’il est un Créateur qui veille sur le monde ; la réalité de notre monde s’étage en couches de plus en plus profondes et il ne faut pas permettre au regard de s’égarer dans une manière de regarder superficielle et sans intérêt.

Ce fut aussi la nature de la faute des explorateurs. Ils ont médit de la terre qu’ils avaient explorée, traduit-on. Mais le terme utilisé ici pour dire « explorer » est celui-là même dont la Thora use pour l’égarement des yeux. Exploration superficielle où le regard s’égare. En quoi les explorateurs ont- ils fauté, s’ils se sont contentés de relater ce que leurs yeux, effectivement, ont vu : des fruits immenses, des habitants gigantesques ! Mais les explorateurs ont assorti leur rapport de leur interprétation personnelle. À leurs yeux, le peuple d’Israël n’aurait pas le pouvoir de se mesurer à une telle menace. C’est comme la prise de vue qui sous tel angle sophistiqué déforme la réalité représentée sans pourtant y toucher. Le compte-rendu journalistique biaisé par le fait qu’on ne communique sciemment que les faits susceptibles de soutenir la thèse défendue.

L’erreur des explorateurs est due à la superficialité du regard porté sur le réel. Ces élus du peuple auraient dû – auraient pu, s’ils l’avaient voulu – voir la réalité profonde. Ils l’ont méconnue par ce qu’elle ne les intéressait pas. À la lumière de la garantie explicite reçue de Dieu, ils n’auraient pu ignorer qu’Israël avait tous les moyens de se mesurer à ces « menaces ». Israël, peuple de Dieu sorti d’Égypte et ayant reçu la Thora, avait le pouvoir de prendre possession de la terre reçue en héritage, la terre d’Israël toujours sous le regard des yeux de Dieu, depuis le commencement du temps et jusqu’à son aboutissement.

Les explorateurs ont préféré voir la réalité extérieure plutôt que la vérité intérieure. Tout dépend en effet de la manière de regarder ! Tel est le lien entre la faute des explorateurs et la mitzva des tzitzith. Comment regarder le monde : superficiellement ou en profondeur ?

La mitzva concernant l’installation dans le pays d’Israël, mitzva que les explorateurs ont sabotée, et celle des tzitzith sont toutes deux à la mesure de tous les commandements de la Thora. Eretz Israël à hauteur de la collectivité et les tzitzith pour chacun en particulier nous invitent tous ensemble et individuellement à la profondeur de la vie authentique.

 

Traduit par Rav E. Simsovic

 

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