La Thora a décrit avec force détails la manière dont le chandelier du sanctuaire, devait être fabriqué. Et voilà qu’elle ajoute un verset surprenant (Chémoth xxv, 40) :
« et vois et fais sur leur modèle qu’on t’a fait voir sur la montagne »
En quoi la ménora est-elle différente de tous les autres ouvrages pour qu’il faille la montrer à Moïse telle qu’elle doit être ?
Rachi explique : Dieu lui a montré une ménora de feu. Il ne s’agit donc pas d’une explication pratique concernant le mode de fabrication de la ménora, il s’agit de l’enthousiasme – le feu sacré – qui doit accompagner l’homme qui souhaite être porteur de lumière.
Peut-être peut-on encore expliquer que la ménora diffère de la table des pains de proposition et de l’autel d’or. L’autel est tout entier dédié au service de Dieu. L’homme qui s’approche de Dieu se voue tout entier à Lui dans ce geste. La table des pains de proposition est tout aussi limpide : l’homme doit veiller à sanctifier la vie économique grâce aux commandements divins.
La ménora et ses sept luminaires représente des mondes spirituels qui ne sont pas Thora par essence. Au-delà de tous les besoins matériels, corporels, de l’homme, en dehors de l’étude de la Thora, au-delà des moments où l’on se tient en prière, l’homme a des aspirations spirituelles qui ne sont pas religieuses, telles que la musique, la peinture, les arts en général, la poésie, mais aussi la psychologie, les sciences en général, le désir de savoir ; ces choses n’ont ni nécessité économique ni dimension explicite de service divin ou de pratique des mitzvoth. L’homme peut-il s’adonner à tous ces domaines de spiritualité, y voir de la lumière et la diffuser sans nier pour autant les vérités absolues que lui communiquent la religion et la foi. Moïse s’est interrogé à ce sujet : cela est-il vraiment possible ? La réponde de Dieu fut : oui ; vois et fais sur leur modèle qu’il t’a été donné de voir sur la montagne. Il est possible de relier entre elles toutes les activités spirituelles et faire qu’elles ne soient pas étrangères à notre relation à Dieu.
À condition que l’homme reconnaisse que le fondement de tout est le modèle de fidélité qui a été montré à Moïse sur la montagne. Sur cette base, il est possible de développer et de laisser s’épanouir toutes les aspirations et tous les dons particuliers dont chacun a été gratifié.