Parachat ´Eqev – Rav Avihai Nahum Botschko
Parachat ‘Eqev
« La crainte, ce serait peu de chose ? »
L’un des versets bien connus de la Thora figure dans cette paracha (Deut. 10, 12) :
« et maintenant, Israël, qu’est-ce donc qu’Hachem ton Dieu te demande ? seulement de craindre Hachem ton Dieu, de marcher sur toutes Ses voies et de l’aimer et de servir Hachem ton Dieu de tout ton cœur et de tout ton être. »
La formulation de ce verset provoque l’étonnement du Talmud (Méguila 25a) :
« La crainte, ce ne serait donc que peu de chose !? »
Serait-il si simple et si facile d’y accéder ? Et le Talmud de répondre que pour Moïse, en effet, c’est chose simple ; ce qui ne résout guère le problème, puisque tout le peuple est bien loin d’être au même niveau que Moïse !
Rabbi Kalonymos Kalman, auteur du Maor VaChemech, commentaire hassidique sur la Thora,aborde le problème en présentant une contradiction entre deux enseignements du Talmud (Chabbat 31) :
« Rabba bar rav Houna enseigne : toute personne qui possède de la Thora mais qui n’a pas la crainte de Dieu est semblable à un trésorier à qui on aurait confié les clefs des portes les plus intérieures, mais pas celles des portes extérieures. Comment entrerait-il dans la salle du trésor ? »
« Rabbi Yannaï : dommage pour celui qui construit un portail pour une cour qui n’existe pas ! »
Pour Rabba bar rav Houna, la crainte serait donc extérieure – ou en tout cas préalable – à la Thora, alors que pour rabbi Yannaï ce serait le contraire ù la Thora serait le portail qui donne accès à la crainte !
Le Maor VaChemech explique donc que la « porte extérieure », le point de départ, est la crainte du châtiment : le monde n’est pas à l’abandon ; il est un Maître du monde et ce monde est régi par les règles de la rétribution et de la punition. L’étape suivante est celle de l’étude de la Thora, qui relève de l’amour de Dieu, et enfin, au sommet de l’échelle se trouve la crainte révérencielle. C’est de celle-ci que parle Rabba bar rav Houna tandis que rabbi Yannaï parle de la crainte du châtiment. Selon cette perspective, il est clair que le verset parle lui aussi de la forme la plus élémentaire de la crainte, laquelle, pour Moïse déjà parvenu à la crainte révérencielle, n’est que peu de chose. Il est évident que pour celui qui n’en est pas encore arrivé là, il s’agit d’une étape fort difficile.
Certes, quelqu’un qui réside en Eretz-Israël possède un avantage que d’autres n’ont pas : en effet,
« ce pays où tu vas pour en hériter n’est pas comparable au pays d’Égypte dont vous êtessortis, où tu devais semer ta semence et l’irriguer à pied comme un jardin potager. Alors que la terre où vous vous rendez est une terre de montagnes et de vallées, abreuvée par les pluies du ciel. »
En Eretz-Israël, la Providence est évidente ; l’abondance économique y dépend directement de notre conduite. Rabbénou Béhayé ben Acher écrit :
« La terre d’Égypte doit être irrigué, comme l’indique le verset… alors que de ce point de vue la Terre ne dépend pas de l’effort de l’homme mais de la pluie ; pour cela, il vous faudra réaliser la Thora. Si vous réalisez la Thora et les mitzvoth, les cieux donneront leur rosée et la terre donnera sa provende. »
« La terre où vous allez passer pour en hériter est terre de montagnes et de vallées… »
Ce qui signifie, explique encore le Maor VaChemech, que c’est une terre d’élévation ; la sainteté de la terre d’Israël les aidera à servir Dieu. L’homme peut s’y élever de degré en degré pour s’attacher à Lui. Les vallées [qui fendent les roches] y témoignent du fait qu’ils auront la force de percer tous les obstacles et les écrans qui les séparent de Lui… c’est à la pluie des cieux que tu boiras de l’eau, qui fait référence à la Thora.
Chabbat Chalom
Nahum Botschko