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Hayé Sarah – L’homme qui n’a pas de nom

Hayé Sarah – L’homme qui n’a pas de nom

Rav Shaoul David Botshko

 

Eliezer, l’intendant de la maison d’Abraham, part en mission à Aram Naharayim, pour trouver une femme pour Isaac, le fils de son maître. Quand il rencontre la famille de l’élue, il se présente dans un bref verset de quatre mots (en hébreu) :
« Il dit : je suis, moi, serviteur d’Abraham. »
Dans toute la paracha, le nom d’Eliezer ne figure pas même une fois. Ce n’est que grâce à la Tradition que nous savons que c’est de lui qu’il s’agit. Il est désigné seulement comme « serviteur d’Abraham ». Un visage qui n’a pas de nom.
Or, c’est bien là la source de sa grandeur et le secret de la réussite de sa mission.
Il s’est complètement effacé devant la volonté de son maître. Rachi a expliqué qu’il souhaitait, espérait, marier sa propre fille à Isaac. Il dépasse sa propre volonté pour réaliser la volonté de son maître. Lorsqu’un mandataire chargé de mission accomplit celle-ci en toute loyauté, peut s’appliquer le principe : « le mandataire est en tout point comme le mandant. » En tant que son serviteur, dans la dimension de sa mission, Eliezer acquiert le statut d’Abraham lui-même.
Mais pourquoi dit-il : « je suis, moi… » et pas simplement « je suis » ? Le Zohar explique que « Moi » (anokhi) est l’un des Noms de la Présence divine, la Chékhina. Dieu Se présente à de nombreuses reprises aux Patriarches en disant « Anokhi ». C’est aussi le premier mot du Décalogue. L’effacement d’Eliezer qui se fond ainsi dans la personne de son maître fait de lui un véhicule porteur de la Présence. Par le mérite de son humilité, il devient lui-même comme Son représentant.
Il devient clair ainsi que nul ne pouvait se mettre en travers de son chemin et l’empêcher de mener à bien sa mission. Rivqa n’a pas hésité un seul instant à aller avec « l’homme ». Ce n’était pas à ses yeux un simple serviteur, mais un homme au plein sens du terme, un personnage important. Et les membres de sa famille ne pouvaient rien faire pour empêcher son mariage. Et non seulement ne l’ont-ils pas empêché, mais ils lui ont aussi donné leur bénédiction.
Telle est la puissance de la fidélité et de la loyauté de l’homme, serviteur d’Abraham.