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Vayakel – Les vêtements de sainteté et leur signification

Vayakel – Les vêtements de sainteté et leur signification

Rav Nahum Botschko
La Thora décrit en détail toute l’œuvre de construction du sanctuaire et indique aussi ce qu’il doit en être des vêtements (Chemoth 35, 19) :
« Les vêtements d’apparat pour servir en la sainteté, les vêtements de sainteté pour Aharon le Cohen et les vêtements de ses fils pour officier… »
L’expression « vêtements d’apparat » demande à être expliquée pour elle-même mais, au-delà de son sens littéral, les Sages en ont tiré un enseignement très spécial (Yoma 72a) :
« Rabbi ‘Hama bar ‘Hanina a enseigné : que veut dire qu’il soit écrit “les vêtements d’apparat (serad) pour servir en la sainteté” ? N’étaient les vêtements de la prêtrise, il ne serait point resté d’Israël – à Dieu ne plaise – survivant ni rescapé. »
C’est-à-dire qu’ils voient dans le mot serad l’évocation de son assonance phonétique sarid qui signifie « survivant » ; Rachi explique : « N’étaient les vêtements de la prêtrise, grâce auxquels les offrandes qui font expiation pour Israël sont approchées de l’autel. » Grâce aux vêtements de la prêtrise qui permettent aux cohanim d’effectuer leur service, les offrandes d’expiation sont approchées de l’autel, sans quoi Israël serait – à Dieu ne plaise – en danger de disparition.
Tout ceci est très étrange ! En effet, si le propos du midrach est de dire que le culte rendu dans le Temple apporte l’expiation à Israël et le sauve ainsi des châtiments, pourquoi rapporter cet effet aux vêtements ? Ceux-ci auraient-ils une autre fonction que d’habiller les cohanim ? En ceci, ce n’est qu’indirectement qu’ils participeraient au processus expiatoire. Mais la guémara semble dire précisément le contraire, à savoir que les vêtements joueraient un rôle essentiel !
Un petit détour – ou plutôt un retour en arrière – est ici nécessaire. Le livre de la Genèse relate qu’immédiatement après la faute l’homme et la femme – qui étaient nus – ont pris conscience de leur état : « et se sont ouverts les yeux de tous les deux et ils surent qu’ils étaient nus, et ils tressèrent des feuilles de figuier et se firent des pagnes. » Qu’est-ce donc qui avait changé ?
Disons qu’avant la faute le corps de l’homme ne l’entraînait pas aux désirs et aux fautes qui peuvent en résulter. Après la faute, commence une lutte opposant l’âme et le corps, la première le tirant vers le haut et le second le tirant vers le bas. Cette lutte est l’essence même de l’homme et chaque jour exige de sa part un effort renouvelé pour en surmonter l’épreuve. La Thora est descendue dans le monde pour aider l’homme dans son combat et elle l’instruit sur la manière de réaliser l’équilibre entre les diverses forces qui le sollicitent.
Les vêtements expriment le besoin de couvrir le corps depuis le cou jusqu’en bas de sorte que seul le visage reste à découvert. Pourquoi le visage ? Parce que le visage est le révélateur de l’âme et de l’intimité de l’homme. Le mot visage, en hébreu (panim), est inséparable de la notion d’intériorité (pnim). L’Lorsque l’homme ne couvre pas son corps mais le dénude – et ceci est d’autant plus significatif chez les femmes – il exacerbe la dimension physique de son corps et des désirs dont il est le siège. Son intériorité s’en trouve encore plus refoulée et devient plus dure encore à découvrir.
Cet état de fait, on le sait, est générateur de bien de désordres dans le fonctionnement de la société. La fonction principale du vêtement réside donc dans sa nature d’obstacle face au mal. Il vise à couvrir le côté animal de l’homme et ce faisant à souligner et exprimer sa dimension spirituelle profonde.
Mais chez les cohanim, le vêtement ne se contente plus d’aider l’homme à se tenir à l’écart du mal. Il possède aussi une dimension positive et active visant à faire le bien. Les vêtements mentionnés dans le verset sont indispensables au service du cohen. Chaque pièce de son habillement possède une signification qui lui est propre. C’est pourquoi la guémara dit (Zéva‘him 88b) :
« Pourquoi le passage des offrandes sacrificielles a-t-il été placé aux côtés du passage traitant des vêtements de prêtrise ? c’est pour t’enseigner que de même que celles-là font expiation, de même ceux-ci font expiation… la tunique expie le sang versé… les pantalons expient l’inceste… la tiare expie la grossièreté… la ceinture expie les envies du cœur… le pectoral expie les jugements… le gilet expie l’idolâtrie… le manteau expie la mal disance… et le diadème expie l’effronterie. »
Dans le service du Temple, les vêtements s’élèvent à une dimension de plus haute positivité. Ils sont en eux-mêmes des éléments du service qui y est rendu. Le sanctuaire est le lieu par lequel la Présence divine séjourne au sein d’Israël, ainsi que la Thora l’annonce :
« Ils Me feront un sanctuaire et Je résiderai en eux. »
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Traduit par Rav E. Simsovic

 

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