1 Tora mi-Tsiyon, Kohkav Yaakov, 9062200
02-9972023, 02-9974924,

Pourim – des dangers de l’alcool

Pourim – des dangers de l’alcool

Pourim - des dangers de l'alcool

 

Rav Nahum Botschko

 

« Rabba se leva et égorgea Rabbi Zéira » (Meguila 7b)
Le Talmud (Méguila 7b) raconte que Rabba et Rabbi Zéira partageaient le festin de Pourim et s’éméchaient lorsque « Rabba se leva et égorgea Rabbi Zéira ». Le lendemain, il demanda miséricorde pour lui et lui rendit la vie. Récit bien étrange ! Est-il vraiment possible que Rabba tue Rabbi Zéira dans un accès de délire ivrogne ?
Il est des commentateurs (Rabbi Salomon Edels, rabbi Yaaqov Yaabetz) pour dire que ce récit n’est pas « historique ». Mais, de manière assez surprenante, beaucoup pensent au contraire que l’événement a vraiment eu lieu. Et ils ont des preuves ! L’une d’elles, c’est que rabbénou Nissim et le Maor rapporte la thèse de rabbénou Efraïm selon laquelle on ne doit pas boire à Pourim « jusqu’à ne plus distinguer entre “maudit soit Haman” et “béni soit Mardochée” » à cause des graves incidents qui pourraient en résulter, et ils citent en exemple le cas de Rabba et Rabbi Zéira – ce qui indique bien qu’ils considèrent le fait comme réel.

En vérité, il est extrêmement difficile de comprendre – sinon impossible –comment des maîtres d’une telle envergure puissent en arriver au meurtre !?

Le Rabbi de Loubavitch (Liqûté Sihot, vol. 31, Pourim, 2ème causerie) explique qu’ils avaient bu tous deux et étaient éméchés, mais qu’en plus ils avaient aussi bu du « vin de la Thora », c’est-à-dire qu’ils avaient goûté aux secrets de la Sagesse, au sens mystique de l’expression « entre le vin, sort le secret ». La mort de Rabbi Zéira n’a pas été due au fait que Rabba l’aurait tué de manière « normale ». Rabba a provoqué chez Rabbi Zéira une formidable élévation spirituelle au point que « son âme l’a quitté ». Rabba était « armé » pour une expérience spirituelle de si haut niveau, mais Rabbi Zéira n’a pas pu la supporter, de sorte que son âme s’est séparée de son corps. C’est pourquoi, dit le Rabbi, le texte de la guémara ne dit pas qu’il l’a tué, mais qu’il l’a égorgé, au sens de la ché‘hita, laquelle désigne l’élévation à un rang d’être supérieur ; c’est pourquoi aussi le texte dit que Rabba s’est levé, c’est-à-dire qu’il s’est élevé à un haut niveau, entraînant Rabbi Zéira à sa suite ; celui-ci, bien que s’élevant lui aussi, n’était pas en mesure de le suivre jusque là, d’où la conséquence qui aurait pu être tragique, si Rabba n’avait pas eu la possibilité de faire revenir l’âme dans le corps et de le ramener à la vie.

Le rav Abraham Isaac Hacohen Kook זצוק"ל explique d’une manière analogue, d’après la littérature des Hékhaloth : « lorsque, de notre vivant, l’âme s’élève vers les hauteurs, il ne subsiste dans le corps physique qu’un log – infime mesure – de vitalité et pas plus, tel le corps du défunt dans la tombe, et lorsque Rabba a constaté que Rabbi Zéira était parvenu à un degré supérieur dont on ne peut mesurer la jouissance spirituelle en cet instant, s’est dit en son cœur que Rabbi Zéira n’avait plus rien à faire en ce monde matériel et a pris la décision de l’« égorger ». Le temps de Pourim propice à une telle élévation étant passé, il a demandé la miséricorde divine et l’a ramené à la vie (Notes de rabbi Dov Milstein, Bechèmen Ra‘anan, I, page 225).

Que faire de tout cela, dira sans doute l’étudiant contemporain ? À quoi peut bien me servir une telle explication ? Le niveau où nous somment se situe à des années-lumière des protagonistes de ce récit et tout ce qu’on peut en retirer c’est le découragement !

Mais à mon humble avis, nous avons une grande leçon à tirer de ces explications merveilleuses : dans l’atmosphère de sainteté, de l’étude des secrets intimes de la Thora et de la vertu particulière du jour de Pourim, le festin, la joie, le vin, bien que choses matérielles susceptibles de rabaisser l’homme jusqu’au plus bas niveau de l’être, peuvent tout autant le surhausser à de très hauts degrés de spiritualité. L’homme a la liberté d’élever le monde physique où de se rabaisser avec lui. Comme le veut le dicton : est-ce l’homme qui mangera le steak ou le steak qui le mangera ? L’homme entrainera-t-il le monde dans sa propre élévation, où s’abimera-t-il avec lui dans les profondeurs de ses désirs jusqu’à ne plus même pouvoir s’en distinguer ?

 

Laisser un commentaire