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Kora‘h et la mauvaise querelle

Kora‘h et la mauvaise querelle

Rav Nahum Botschko
La paracha commence par la contestation fomentée par Qora‘h et sa clique contre Moïse. Examinons quelques-uns des points soulevés dans le texte ; il s’agira de s’efforcer d’en apprendre les leçons et de les appliquer dans notre façon de vivre. Moïse, ayant entendu les réclamations des contestataires et leur ayant répondu, se tourne vers Dieu et déclare (Nombres XVII, 15) : « je n’ai pas même pris l’âne d’un seul d’entre eux » que Rachi commente disant que même dans une situation où il lui aurait été permis d’en réquisitionner un, il ne l’a jamais fait.
Le traité des Pères (chap. v, michna 17) enseigne la différence entre la querelle de bon aloi, dire « au Nom du Ciel » et son contraire : « quelle est la querelle qui est au Nom du Ciel ? c’est la querelle de Hillel et de Chamaï. Et celle qui n’est pas au Nom du Ciel ? c’est la querelle de Qora‘h et de toute sa clique. » La question classique est bien connue : il y a toujours de parties opposées dans une querelle, ce qu’énonce le début de la michna : Hillel contre Chamaï. Mais dans la contrepartie ce n’est plus le cas ; on n’y trouve que Qora‘h et sa coalition. N’aurait-il pas fallu dire plutôt : Qora‘h et Moïse
Rabbi Elimèlekh de Lizsensk, dans son ouvrage Noam Elimèlekh cité dans l’édition Qéhati, dit à ce sujet que la michna nous donne la méthode permettant de distinguer à coup sûr entre la querelle au Nom du Ciel et celle qui ne l’est pas : lorsque l’une des parties est divisée en elle-même et que les coalisés se disputent entre eux sur toutes sortes de sujets et ne se retrouvent unis que dans le seul et unique but de cette querelle, cela signifie qu’elle n’est pas de bon aloi – au Nom du Ciel. Parmi les deux cent cinquante partisans de Qora‘h, pas un qui ne désirât la fonction de grand prêtre et ils se contestaient en permanence les uns les autres ! Mais pour s’opposer à Moïse, les voici unis comme parlant d’une même voix ; c’est donc la preuve que leur querelle n’était pas au Nom du Ciel.
Les deux points que nous venons d’évoquer, d’une part le fait que jamais Moïse n’a usé de biens appartenant à la collectivité et, d’autre part, la mauvaise querelle de Qora‘h et de sa clique, nous enseignent la profondeur de l’abîme insondable qui sépare Moïse notre maître de Qora‘h. Moïse était humble à ce point qu’il ne voulait nullement diriger ce peuple et qu’il a pratiquement fallu qu’Hachem l’y contraigne. Et pourtant, tout au long de son mandat, non seulement Moïse n’a jamais usé de ses prérogatives à son profit personnel mais au contraire il a fait appel à ses propres ressources au profit du public. Face à lui, Qora‘h n’est motivé que par son seul intérêt personnel : la soif des honneurs et du pouvoir et nullement le bien public – comme nos sages l’ont expliqué.
Le Talmud décrit (traité Bérakhot 6a) comment il est possible d’identifier les « nuisances invisibles » : on prend de la cendre tamisée, on l’étale autour du lit et on y trouvera au matin des traces de pattes de coq.
Le rav Kook (Eyn Aya I, 46) explique ce dire qu’il ne faut évidemment pas prendre au pied de la lettre et dont il faut comprendre l’enseignement : Le fondement des forces négatives agissant en ce monde est la division et tout ce qui empêche l’unité. La division conduit à la recherche de la jouissance. La cendre est le modèle de la division. Avant d’être brûlée, il y avait là une chose entière, d’une pièce ; réduite en cendre, elle se disperse. La cendre est de plus le comble de la division, car ses éléments ne pourront jamais plus s’unir. Le coq représente le comble de l’égoïsme et de la recherche de la jouissance. Il ne connaît que lui-même et ses désirs qu’il lui faut satisfaire séance tenante. ‘Que les disciples de sages ne soient pas dans la promiscuité de leurs femmes à la manière des coqs !’ dit la guémara (Bérakhot 22a). C’est-à-dire en permanence, pour le seul plaisir des sens, sans encadrement ni contrôle. Les traces de coqs dans la cendre, c’est le signe de forces mauvaises et nuisibles. Ainsi Qora‘h : il veut être le chef mais seulement pour son profit, pour les honneurs et pour y parvenir il ne recule devant aucun moyen propre à fomenter la querelle et la division !
Puissent nos dirigeants – c’est notre prière – suivre l’exemple de Moïse notre maître, car l’épreuve est loin d’être facile. Et nous-mêmes, chacun dans la fonction sociale ou familiale qui lui incombe, efforçons-nous d’œuvrer à la réalisation de la tâche qui est en jeu, en collaboration et unité, pas pour des intérêts mesquins et personnels, mais « au Nom du Ciel » !
Traduit par Rav E. Simsovic

 

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