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Ki Tetsé – Amalek… « ne craignait pas D.ieu » !

Ki Tetsé – Amalek… « ne craignait pas D.ieu » !

Rav Shaoul David Botschko

 

« Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek sur le chemin, lorsque tu es sorti d'Egypte. Il t'a rencontré sur le chemin et s'est attaqué à tous les faibles derrière toi. Il ne craignait pas D-ieu. (...) Tu effaceras le souvenir d'Amalek. Tu n'oublieras pas »[1].
Pour nous expliquer qu'il faut exterminer Amalek, la Thora nous dit qu'il ne craignait pas D-ieu.
Combien de peuples devraient-ils alors être exterminés ? Est-ce que les Egyptiens craignaient D-ieu ? Est-ce que tous les autres peuples de cette époque craignaient D-ieu ?
Est-on certain que chacun de nous craigne vraiment D-ieu ?
Il nous sera aisé de comprendre qu'Amalek était cruel, qu'il n'y avait aucune limite à sa méchanceté, et il semble logique que la Thora nous dise cela pour expliquer qu'il faille le détruire. Mais nous dire que la faute d'Amalek était qu'il ne craignait pas D-ieu, c'est là presque un compliment.
Pour comprendre cela, il nous faut saisir la signification de la crainte de D-ieu.
Le Sfath Emeth affirme, au nom du Rabbin de Lublin, que la joie et la soumission à
D-ieu sont la même valeur, la même Mida. Pour le Sfath Emeth, c'est parce que l'homme réalise qu'il est éloigné de la vérité qu'il désire s'en approcher.
En général, on comprend la crainte de D-ieu comme un frein, on voit en elle une qualité qui empêche l'homme de fauter, une qualité qui empêche l'homme de se révolter. Ce qui amène l'homme à s'approcher de D-ieu, à accomplir Ses commandements dans la joie, c'est l'amour de D-ieu, et non Sa crainte.
Ce que Sfath Emeth nous explique ici est très important. Pour le comprendre, nous allons nous référer à un exemple appartenant au domaine de la toxicomanie. Le drogué qui ne peut trouver de la drogue se trouve dans un état de manque tel qu'il sera prêt à faire n'importe quoi pour pouvoir satisfaire son besoin. Etre imprégné de la crainte de D-ieu, c'est se trouver dans l'état de celui qui est en manque de D-ieu. En effet, celui qui craint D-ieu saisit sa place par rapport à D-ieu; Il réalise combien D-ieu est grand et combien lui-même est petit et insignifiant. Cette prise de conscience de cette différence a créé en lui un grand « besoin » de
D-ieu. S'il Le craint, c'est qu'il perçoit Sa réelle grandeur. Car rien ne pourra alors arrêter dans sa volonté d'essayer de saisir une parcelle de cette grandeur. C'est pour cela, nous dit encore le Sfath Emeth, que la crainte de D-ieu est la qualité qui peut amener l'homme à la Zerizouth, à l'empressement dans l'accomplissement des Mitsvoth.
Celui qui aime D-ieu se sent Son égal, car l'on ne peut aimer que ce avec quoi l'on peut communiquer. C'est pourquoi seule la crainte de D-ieu, la qualité de sentir, de prendre conscience de la grandeur de D-ieu, va amener l'homme à la Zerizouth, à l'empressement, afin d'essayer de saisir une parcelle de cette majesté. Et c'est pour cela que la crainte de D-ieu va de pair avec la joie de Le servir.
S'il l'on nous dit qu'Amalek ne craignait pas D-ieu, on nous apprend qu'il avait la Mida, la qualité de la crainte, on nous apprend qu'il était en état de manque, certes pas de
D-ieu, mais en état de manque quand même. Et c'est cet état de manque qui donnait à Amalek son caractère si dangereux. En effet, Amalek était en état de manque du mal, il ne pouvait supporter de ne pas être en train de faire quelque chose de cruel. Il était comme drogué... Aussi, rien ne pouvait l'arrêter dans son chemin destructeur.
Cela nous explique peut-être pourquoi Amalek était descendant de Yitshak. Yitshak symbolise la Mida de la crainte. Esaü et son descendant Amalek ont hérité de cette Mida et l'ont exploitée pour faire le mal, tandis que les descendants de Yaacov, lorsqu'ils font la guerre contre Amalek, doivent, pour le vaincre, être remplis de la crainte de D-ieu. C'est la raison pour laquelle la Thora nous dit que, lorsque Moché levait ses mains de Moché, Israël vainquait. Et la Michna pose la question « Est-ce que les mains de Moché faisaient la guerre ? » « Non », répond la Guemara. Ce verset signifie que, lorsque les enfants d'Israël regardaient vers le haut, ils vainquaient. Ils regardaient vers le haut, c'est-à-dire qu'ils prenaient conscience du fait qu'ils étaient en bas et que D-ieu était en haut. Lorsqu'ils étaient emplis de la crainte de D-ieu, ils gagnaient la guerre.
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[1] Devarim 25, 17-19

 

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