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Rav Nahum Botschko : Bo – Consacrer le Roch ‘Hodech : la Mitsva et sa signification

Rav Nahum Botschko : Bo – Consacrer le Roch ‘Hodech : la Mitsva et sa signification

Rachi commence ainsi son commentaire sur la Thora, au tout début du livre de la Genèse :
« Rabbi Yitz'haq a enseigné : il n'était nécessaire de commencer la Thora qu'au verset “ce mois-ci, pour vous…” qui est le premier commandement reçu par Israël. »
Ce verset, commencement, pour ainsi dire, de la Thora des commandements, se trouve dans cette paracha (Chemoth 12, 1-2) :
« Hachem dit à Moïse et à Aharon dans le pays d'Égypte de dire (aux Hébreux) : ce mois-ci, pour vous, est le premier des mois ; il est le premier, pour vous, des mois de l'année. »

Qu'est-ce donc que cette mitzva a de si exceptionnel qu'elle ait reçu ce privilège d'être le tout premier commandement de la Thora donné à Israël. Elle n'appartient pas vraiment, semblerait-il, à l'ensemble des prescriptions liées à la Pâque et à la sortie d'Égypte. Par ailleurs, ne savons-nous pas que Moïse et Aharon se trouvaient alors dans le pays d'Égypte ? C'est forcément là, a priori, que cette parole leur est adressée. Alors pourquoi cette précision superflue dans le verset de la Thora ?

Commentant ce verset dans son Nétivoth Chalom, le rabbi de Slonim explique : cette mitzva comporte, en plus de sa signification littérale, une importante dimension symbolique. Le midrach (Béréchit Rabba 6, 3) remarque qu'Israël mesure le temps par la lune dont la présence s'affirme de nuit et de jour, tandis que les nations mesurent le temps par le soleil dont la domination se limite au jour seul. L'idée sous-jacente à ce midrach explique la spécificité de la foi d'Israël : Israël a foi en Dieu en toute circonstance, même dans les temps les plus durs, dans l'obscurité la plus grande, ce qui n'est pas le cas des nations ; dans les situations difficiles, elles ruent et s'en vont.
« Et c'est la première mitzva donnée à Israël, mitzva qui est d'un certain point de vue la plus importante, à savoir que même dans les ténèbres profondes qui ne permettent d'entrevoir aucune étincelle de lumière, même alors Israël perdure dans sa foi totale, certain de l'amour de Dieu pour Israël Son peuple. »

Ce verset nous donne aussi une grande leçon concernant l'amour particulier de Dieu pour Israël. La lumière de la lune, on le sait, n'est pas toujours égale. Vers la fin du mois, elle décline jusqu'à devenir invisible et c'est précisément à ce moment-là, au plus fort de l'obscurité, qu'est fixé le commencement du mois où elle revient et se renouvelle. Tel est aussi le choix que Dieu a fait d'Israël. Même lorsqu'il est déficient, plongé dans l'obscurité, Dieu le choisit encore et le rapproche de Lui.

Nous en avons spécialement fait l'expérience en Égypte. Alors qu'Israël asservi et persécuté atteignait la plus grande déréliction, Dieu a fait choix d'Israël et l'a délivré. Le midrach (Chir Hachirim Rabba 2) exprime l'étonnement d'Israël disant à Moïse :
« Comment Dieu nous délivrerait-il ? Toute l'Égypte est souillée par les horreurs de notre idolâtrie ! Et Moïse de leur répondre : parce qu'Il a désir de votre délivrance, Il ne prête pas attention aux horreurs de votre idolâtrie. »

Le Maharal de Prague explique longuement (Netzah Israël chapitre 11) que l'élection d'Israël ne dépend pas de ses actes parce que c'est une élection divine perpétuelle. C'est pour cela qu'elle devient surtout apparente lorsque nous semblons n'en être pas dignes.

C'est la raison pour laquelle la Thora souligne que ce commandement a été expressément donné dans le pays d'Égypte, terre imprégnée d'idolâtrie et d'horreurs ; le midrach (Chemoth Rabba 15, 5) explique : « Rabbi Chimeon a dit : grande est l'affection d'Israël au point que le Saint béni soit-Il se soit dévoilé en un lieu d'idolâtrie, un lieu de souillure, un lieu impur afin de le délivrer ! » Mon père explique (Lumières de Rachi, page 96) :
« Nos maîtres ont perçu que ce verset venait souligner le fait qu'Hachem se soit révélé à Moïse et à Aharon en faveur d'Israël, bien qu'ils aient été en terre d'Égypte, summum de l'impureté et de l'idolâtrie. Le Saint béni, si l'on peut dire, “réside avec eux au sein de leur impureté” (d'après Lévitique 16, 16), et malgré l'intensité de l'impureté, Il “descend” afin de délivrer le peuple d'Israël. »

En ces jours où nous sommes témoins une fois de plus des attaques barbares dont nos frères font l'objet en l'exil de France, nous prions afin que même en ces situations difficiles nous puissions voir le cheminement de la Délivrance qui se poursuit et progresse petit à petit.
Traduit par Rav E. Simsovic

 

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