1 Tora mi-Tsiyon, Kohkav Yaakov, 9062200
02-9972023, 02-9974924,

Rav Nahum Botschko : Bamidbar – Naissance individuelle et collective

Rav Nahum Botschko : Bamidbar – Naissance individuelle et collective

La paracha porte (Nombres iii, 1) : « et ceux-ci sont les engendrements d’Aharon et de Moïse… et ceux-ci les noms des fils d’Aharon… » Or, les noms de fils de Moïse n’ont pas été mentionnés et cependant il est dit : « engendrements d’Aharon et de Moïse»...

Rachi explique (d’après Sanhédrin 19b) : « ils sont appelés “engendrements de Moïse” parce qu’il leur a enseigné la Thora. Cela t’apprend que celui qui enseigne la Thora au fils de son proche, est considéré par l’Écriture comme s’il l’avait lui-même engendré. » Cela nous apprend que l’homme a « deux naissances », l’une physique et l’autre spirituelle. Il doit sa naissance physique à ses parents qui ont fait venir son corps en ce monde, et sa naissance spirituelle à son maître qui lui enseigne la Thora.

Rabbi Baroukh Halévy Epstein précise dans son commentaire Thora Témima la raison pour laquelle le maître et l’élève sont appelés « père et fils » : « car celui qui donne jour à une dimension de sagesse en est appelé “le père” car c’est lui qui l’engendre (et il apporte pour preuve des versets de la Genèse iv, 20-21 : il fut “le père” de tous ceux qui demeurent dans les tentes et font paître les troupeaux… il fut “le père” de tous ceux qui jouent de la lyre et de la trompe…) Et il va de soi que celui qui reçoit de lui la connaissance de cette science ou de cette sagesse est pour lui comme son fils. »

Le traité du Talmud Sanhédrin (99b) rapporte cette leçon avec une petite différence de vocabulaire : « Rech Laqich enseigne : quiconque enseigne la Thora au fils de son proche est considéré par l’Écriture comme s’il l’avait fait, ainsi qu’il est dit (Genèse xii, 5) “les personnes qu’ils avaient faites à ‘Haran”. » Il nous faut comprendre la différence entre « donner naissance » et « faire ». Le Thora Témima explique (loc. cit.) que « faire » signifie à la fois « renouvellement et remise en ordre », comme on dit de la belle captive qu’elle « se fera les ongles ». Celui qui apprend la Thora, c’est comme s’il devenait à chaque fois créature nouvelle. Il y a là ajout d’une dimension de profondeur à notre sujet : ‘étude de la Thora est une naissance spirituelle qui corrige l’homme et l’améliore. Lors du don de la Thora au Sinaï, le peuple d’Israël tout entier a fait l’expérience d’une « naissance » nouvelle.

C’est ce que vise à dire le midrach lorsqu’il raconte que lors de l’événement du Sinaï les âmes des Hébreux se sont envolées et qu’il a fallu qu’elles leur soient rendues. En recevant la Thora, le peuple d’Israël a acquis une nouvelle dimension d’être et tous sont devenus comme créatures nouvelles. Cette naissance spirituelle du peuple d’Israël lui advient après sa naissance physique lors de la sortie d’Égypte.

Ainsi que le Maharal l’a longuement développé dans Guévourot Hachem (chapitre iii), à propos du verset (Deutéronome iv, 34) : « pour se prendre un peuple du sein d’un autre peuple » et ainsi que le midrach le formule : « c’est ainsi que le Saint béni soit-Il a fait sortir Israël d’Égypte comme le petit dans le ventre de la mère, et le berger y plonge la main pour l’en retirer. »
L’histoire d’Israël illustre bien cette image, par de nombreux processus qui s’y sont produits et qui sont comme des naissances, et de même en est-il dans l’histoire individuelle : La première naissance d’Israël s’est produite lors de la sortie d’Égypte, ce qui correspond à la naissance de l’homme. La deuxième naissance d’Israël s’est produite lors du don de la Thora et dans l’histoire individuelle cela correspond à l’initiation de chacun aux enseignements de la Thora.

La troisième naissance d’Israël s’est produite lors de son entrée en Eretz Israël, où la dimension nationale passe de la puissance à l’acte ; en effet, l’obligation de peupler Eretz Israël et d’y résider s’applique en tout premier à la collectivité, au peuple entier, en ce qu’elle signifie tout d’abord assurer la souveraineté d’Israël sur sa terre. Ceci ne peut être réalisé en exil et naît, pour ainsi dire, dans le pays d’Israël. C’est ainsi que pour qui monte en Eretz Israël, son arrivée dans le pays est comme une renaissance ; c’est en ce sens que notre maître le rav Abraham Isaac Hacohen Kook écrit (Orot, page 166) : « dès que l’homme arrive en Eretz Israël son âme particulière s’évanouit à cause de la grande lumière de l’âme collective qui pénètre en lui. » La quatrième naissance de la personne individuelle se produit le jour de son mariage.

Le Zohar décrit le célibataire comme « la moitié d’un corps », c’est-à-dire qu’il est comme une moitié d’homme et ce n’est qu’à son mariage qu’il devient un être entier et qu’il peut servir Dieu pleinement.

On peut dire que le parallèle de cette naissance dans le domaine collectif correspond à la construction du Temple, lieu de la relation la plus entière entre le peuple d’Israël et son Dieu, ainsi que le formule la Michna (à la fin du traité Taanit) : « au jour de son mariage », c’est le don de la Thora « et au jour de la joie de son cœur », ‘est la construction du Temple. »

Puissions-nous obtenir de voir la construction du Temple bientôt et de nos jours et de parvenir à la plénitude individuelle et collective.

 

Laisser un commentaire